Attention, je m’apprête à déboulonner l’une des personnalités les plus appréciées des français et paradoxalement, celle qui mérite le moins, selon moi, cette affection du public. Je veux parler de Yannick Noah. Dans le genre démagogie, beaux discours et attitudes hypocrites, je crois que Monsieur Noah s’affirme en modèle.

Comme des millions de français, je trouvais le personnage sympathique, ancien grand sportif dont la reconversion réussie dans la musique était suffisamment rare pour être saluée. J’aimais bien son coté cool, complètement détaché et qui laissait à penser que ce type là avait vraiment un bon fond et méritait que l’on suive son exemple pour se sentir bien dans notre peau.

Là où l’image a commencé à se fissurer débute pour moi lors de la campagne présidentielle de 2007 où Yannick Noah avait ouvertement pris partie pour Ségolène Royale et fustigeait violemment Nicolas Sarkozy. Bien que Noah ne partage pas les mêmes convictions que moi, je lui trouvais au moins le mérite de défendre ses idées et me disait, naïvement, que ses convictions étaient sincères et totalement désintéressées.

Il faut savoir que Yannick Noah, dès la fin de sa carrière sportive, avait fait le choix de s’exiler en Suisse, sans doute pour l’air pur qui y règne et les beaux paysages…Dès l’élection de Nicolas Sarkozy, ce dernier a donc pris la tangente et s’est exilé aux Etats-Unis, le temps du quinquennat de l’ancien président de la république. Pour un homme qui se prétendait vent debout face à celui qu’il considérait comme une menace pire que le plus extrémiste des partis, j’ai trouvé son attitude empreinte de lâcheté et de couardise.

A entendre Yannick Noah, rien n’est plus beau que le partage, la vie en communauté, la solidarité. On se prendrait presque à rêver d’un monde peace and love et où chacun vivrait pour le bonheur commun. On se dit qu’un homme ayant un tel discours et jouissant d’une telle histoire ne peut qu’être exemplaire et irréprochable dans son quotidien et mérite qu’on suive ses traces.

C’est sans compter que Noah est un petit cachotier. Ou plutôt, qui pensait être suffisamment malin pour enfumer tout le monde. Ce dernier a eu dernièrement quelques ennuis avec le fisc pour quelques millions non déclarés. Pour se poser en modèle, voilà une attitude de placement obscur qui fait tache pour celui qui se considérait comme un modèle de vertu. Ceci n’est pas étranger au fait qu’il s’est vu déboulonner de sa sacro-sainte place de personnalité préférée des français (ouf !).

Fervent socialiste militant et soutien assumé de Hollande, j’ai lu ce matin dans le journal et non sans un certain amusement que Yannick Noah, rentré depuis en France après l’élection de son « champion » (d’aucun dirait notre vainqueur), déclarait payer ses impôts avec fierté, non sans conseiller à son fils, basketteur aux Etats-Unis, d’éviter de venir en France en raison de la pression fiscale existante.

Je ne sais ce que penseront les gens qui sont du même bord que lui, mais je ne peux que m’esclaffer devant autant de cynisme, autant de démagogie que la bonhommie du personnage semble complètement masquer.

J’ai toujours eu du mal avec les donneurs de leçon et ceux qui pensent détenir les clés de la bonne morale quand ces derniers agissent exactement à l’inverse de leurs beaux discours. Moins grave que le cas Cahuzac mais tout aussi irritant que de telles personnalités, sous prétexte de leur popularité, se permettent de se considérer au dessus du commun des mortels.