Le cortège des blagues du 1eravril amuse nos chères petites têtes blondes. Mais même les plus grands enfants peuvent aussi avoir envie de se détendre en des temps aussi moroses. Le gouvernement pense donc à nous et nous propose quelques blagues savoureuses même si elles restent pour la plupart facilement détectables.   

Depuis plusieurs mois, nous ne cessons de nous désoler des fermetures d’usines, plongeant des milliers d’employés dans les affres du chômage et dans le dédale des démarches imposées par Pole Emploi. Mais alors que certains annoncent des chiffres alarmants comme en affirmant haut et fort que 1.000 nouveaux chômeurs sont enregistrés chaque jour, le gouvernement nous annonce que la courbe de l’emploi va être inversée d’ici la fin de l’année.

Je vous l’accorde ce poisson d’Avril est gros et à peine crédible et pourtant ils ont osé nous le faire. Bien sûr, on comprend que devant l’afflux de ces nouveaux demandeurs d’emploi, Pole Emploi recrute à tour de bras mais de là à croire que ce recrutement va être suffisant pour inverser la courbe du chômage. D’autant plus que nous sommes tous en accord avec nos gouvernants pour recruter ces nouveaux salariés du service public de l’emploi sous contrat à durée déterminée. Le but reste en effet de pouvoir nous passer à terme de l’ensemble de ces services, puisque cela signifierait ipso facto que le chômage ne serait plus qu’un mauvais souvenir.

 

Côté enseignement, le poisson d’Avril aussi a été vite détecté. Le gouvernement a, par malice, décidé de s’attaquer aux vrais problèmes de l’Ecole (dixit le communiqué officiel). Pour y parvenir, la révolution des rythmes scolaires va permettre à chaque élève de pouvoir s’adonner à de multiples activités, qui seront prises en charge par la municipalité à partir de la rentrée 2013 pardon de la rentrée 2014. La révolution va permettre donc de s’adapter aux rythmes des enfants, et c’est bien connu, chaque enfant vit au rythme de l’Enfance, qui est donc unique pour tous et en toutes régions. Un apprentissage de meilleure qualité donc avec comme résultat des élèves qui maitriseront l’écriture, la lecture et le calcul à la sortie du primaire. Là le poisson d’Avril de l’Education Nationale manque d’imagination, car « maitrise de l’écriture, de la lecture, et du calcul au sortie du primaire », la blague a déjà été faite en 1974 lors de la campagne présidentielle, reprise en 1981, 1988, 1995, 2002 et 2007 et je peux vous affirmer qu’elle fera partie des programmes pour les prochaines élections.

 

Côté politique, le poisson d’Avril aussi a été détecté et on ne sera donc pas surpris d’apprendre dans quelques jours, que le gouvernement s’empresse d’admettre que contrairement à ce qui a été annoncé, les déficits publics ne se réduiront pas dans la proportion posée comme argument depuis des mois. On sait maintenant, que l’ Education, la Justice et la Sécurité sont les trois secteurs qui ne seront pas soumis à l’austérité imposée à tous les autres domaines d’intervention étatique. Tous sauf la Santé, qui se doit d’être la plus juste et la plus égalitaire possible. Normal et compréhensible. Donc tous les secteurs, exceptés l’Education, la Justice, la Sécurité et la Santé seront soumis à une baisse des crédits qui leur sont affectés. Sauf bien sûr la Défense, qui restera à un niveau équivalent de dépenses comme nous l’a annoncé le Président de la République il y a quelques jours. Oui on comprend que la France doit maintenir son rôle. Le gouvernement a aussi insisté sur la nécessité de répondre efficacement à la crise du logement qui frappe si durement notre pays. On comprend donc que ce domaine ne soit pas soumis à l’austérité imposé à tous les autres.  Qui remet en cause aussi l’interventionnisme étatique en matière de développement durable et de développement écologique ? Personne alors l’Etat se promet d’investir massivement (sic) dans le développement des énergies renouvelables. Donc vous l’avez compris, si on excepte le logement,  l’Education sous toutes ces formes, la Justice, la Sécurité avec le renforcement des prérogatives du Ministère de l’Intérieur, le développement durable, la cause écologique, tous les domaines d’Intervention seront soumis à une austérité jamais vue.  La Culture et son emblématique 1 % du budget de l’Etat n’ont qu’à bien se tenir. L’exception culturelle française va être renforcée : faire bien avec rien, la quadrature du cercle à la française, quelle bonne idée…