De l’extérieur, ce couple est banal, voire sympathique. Lui est ouvert et sociable et Elle semble timide et effacée. Quant à leur petite fille, elle est adorable. Mais, ces derniers jours, elle pleure souvent la nuit. Du coup, cela interpelle un peu leurs jeunes voisins. Mais… sans plus…. Car ce n’est pas bien de s’immiscer dans la vie d’autrui, n’est-ce pas ? Et puis, le père a bien dit que la petite avait du mal à s’endormir ces derniers temps d’où ses pleurs incessants toutes les nuits. Cette explication a suffi aux voisins pour rejoindre leurs pénates. Ils n’ont pas cherché à voir au-delà du bout de leur nez.
Car, s’ils avaient prêté un peu plus attention aux signes, ils se seraient rendus compte que quelque chose clochait sérieusement dans ce couple.
Cette bande dessinée, Inès, de 96 pages est percutante et nous ouvre les portes d’une violence conjugale crue et terrifiante. Les romans sur cette violence ordinaire sont légion mais la voir prendre forme à travers des images sombres et oppressantes changent complètement la donne.
Dès le début de la bande dessinée, les textures obscures saisissent à la gorge. On sent une certaine menace suinter à travers les pages. Les pleurs de la petite retentissent dans la nuit et on aimerait lui venir en aide. Car, au-delà de la violence faite à la mère, il ne faut pas oublier cette fillette qui voit et entend tout. Son traumatisme grandit au fur et à mesure qu’elle assiste aux terribles scènes entre ses parents.
Cette bande dessinée est très crédible et nous entraine dans une sorte de cercle vicieux dont on ne sortira pas indemnes. Les dessins sont très bien esquissés et on tremble pour cette femme et son enfant. Jusqu’où va aller la folie de son mari ?
N’oublions pas qu’en France, une femme meurt, tous les trois jours, sous les coups de son conjoint.
Ce genre de bande dessinée nous sert de piqûre de rappel afin que nous soyons vigilants dans notre vie quotidienne.
Peut-il y avoir une victime autour de nous ?
Malgré tous les services disponibles afin de venir en aide aux femmes battues, force est de constater que le fléau de la violence conjugale est loin de disparaître…