Partout sur la surface de la planète, nous connaissons l’univers enchanteur que la compagnie Disney s’est évertuée à construire décennies après décennies.

Un monde fait de personnages à la morale irréprochable, des gentils bien comme il faut et des méchants vaincus en dernier recours, comprenant toujours leur erreur de jugement. Disney ne serait rien sans un homme, Walt. Un businessman de talent, une célébrité telle que les rumeurs les plus folles ne courent plus à son encontre, mais elles cavalent a toute vitesse. Même si pour la plus part des gens il véhicule une bonne image, l’aura de la marque participant a cette réputation, il revêtirait une part d’ombre.

 

L’opéra " The Perfect American", mis en scène par Philip Glass et joué devant le public du Teatro Real de Madrid depuis le 21 janvier dernier, a jeté de nouveau des soupçons sur la véritable identité de cet homme controversé. Inspiré du livre "Der Köning Von America" de Peter Stephan Jungk, il en reprend le côté pamphlétaire. Un aspect discriminatoire déjà développé dans un brûlot signé Marc Eliot, " Walt Disney Hollywood’s Dark Prince". Ils y vont fort, les fruits de leurs recherches les amènent à dire que le père de la souris la plus connue du monde ne savait même pas dessiner, il ne savait faire que des croquis simplistes. A cette accusation, s’ajoutent le fait que Walt aurait été un tyran, raciste, antisémite, sympathisant nazi, misogyne, mégalomane, réactionnaire, porté sur la délation, accroc à l’alcool quand ce n’était pas aux drogues, frivole et adultérin. Les plus farfelus voient en Blanche Neige et les sept nains une allusion à la cocaïne et les différentes étapes de l’addiction. On lui prête également le fait d’avoir dénoncer Charlie Chaplin à la commission MacCarthy en 1953.


Portrait peu flatteur pour le créateur de la marque aux grandes oreilles. Mais toutes ces ignominies sont-elles avérées ? Ces auteurs en mal de renommée n’ont-ils pas colporter des bruits de couloirs pour se tailler une réputation ? Car c’est facile de s’attaquer à quelqu’un de mort depuis 1966, les chances pour qu’il se défende sont faibles. Puis aucune chance qu’il se réveille comme le prétend la légende urbaine assurant le fait qu’il soit cryogénisé et attendrait le moment opportun pour sortir de son sommeil glacial. Walt est bien décédé et ses cendres reposent  au Forest Lawn Memorial Park Cemetery à Los Angeles.


Cependant, il y a jamais de fumée sans feu, d’où viennent ces médisances montées en épingle ? Il est vrai que depuis la grève de ses salariés en 1940, il ne portait pas les syndicats dans son cœur de patron. Un mouvement de contestation du à son autoritarisme, par exemple il aurait interdit à ses collaborateurs de porter une moustache, en faisant un attribut unique à sa personne, et à sa manie de prendre les ouvriers comme des marionnettes d’où des panneaux de protestation portant l’inscription «  We have no string ! ». Le phénomène dura près de 2 mois et eut pour conséquence de noircir son image populaire au sein des familles.


Concernant son côté nazillon, il faut voir là plutôt une forme de pragmatisme. Certes il a côtoyé des hommes d’affaires habités par le Mal mais ce n’était que pour permettre à ses œuvres d’être diffusées sur le territoire allemand.  Parallèlement, dans les années 1930, il a produit de nombreux petits dessins animés aux visées propagandistes afin de redonner du courage aux GI partant sur le front. Réac et libéral ? Pas si sûr ! Dans les 101 dalmatiens, derrière cette histoire de chiens, il se cache une critique profonde des capitalistes voulant faire de l’argent à n’importe quel prix, le nom de la méchante est une gifle prégnante, Cruella De Vil.


Raciste et antisémite ? Assurément faux ! Premièrement ses plus proches collaborateurs étaient juifs. Deuxièmement, dans ses dessins animés, il a toujours mis en avant l’acceptation des personnes différentes, montrer que les minorités doivent être tolérées, les indiens dans Peter Pan en sont un exemple, pour lui, peu importait l’origine pourvu que le talent soit là. Un de ses scénaristes a résumé son attitude en une phrase «  Il aurait même engagé le Diable s’il savait dessiné ».


Alors comment démêler le vrai du faux ? On ne le saurait certainement jamais et au fond de nous, nous aimons être dans l’interrogation à l’instar des mystères entourant les sociétés secrètes ou les OVNI. Gardons en tête que l’opéra reste une fiction où se mêle réalité et fable. Où l’on découvre un Walt Disney malade d’un cancer des poumons en train de faire un rétrospective sur les années de sa vie, faisant des rencontres improbables, discutant avec Andy Warhol et Abraham Lincoln. C’est ça la magie Disney.