Il y a quelques années, durant mes études de sociologie, j’avais rédigé un mémoire sur l’héroïsme sportif. J’y relatais notamment le mécanisme socioculturel qui avait transformé notre vision de l’héroïsme et qui, au modèle classique du héros et de ses attributs, s’était vu remplacé par le sportif comme nouvelle figure de l’héroïsme. J’y attirais notamment l’attention sur les dérives d’un tel modèle et ses impacts sur la société.

L’actualité de ces derniers jours a fait tomber une nouvelle icône du monde sportif. Oscar Pistorius, athlète sud-africain amputé des deux jambes et qui avait réalisé l’exploit lors des derniers jeux olympiques de concourir avec les athlètes valides avait absolument tout pour lui.

Beau, sportif de très haut niveau à la volonté indéfectible, il était la plus belle incarnation à mon sens de l’art de se dépasser, d’aller au-delà de ses handicaps et nous donnait une belle leçon de courage et de détermination.

Encore un « héros » foudroyé ! En reste-t-il encore aujourd’hui ? Je ne sais même plus tant le nombre de personnes qui présentait, à priori, toutes les caractéristiques pour servir de modèle sont tombés un à un. Certains se sont fourvoyés, d’autres n’ont fait que montrer leur véritable personnalité qu’ils avaient su masquer pendant un certain temps. Reste-t-il encore des individus dont le comportement, l’attitude et l’exemplarité peuvent constituer un modèle de vie et un objectif à atteindre pour tous ?

Le monde du sport a longtemps été considéré comme celui dans lequel pouvait s’exprimer le plus librement possible les vertus les plus significatives du héros : fair-play, honneur, courage, détermination, modestie, honnêteté,…

Que reste-t-il de tout cela ? Un véritable champ de ruine.

Des modèles comme Lance Armstrong, figure même du combat et de la victoire contre la maladie, se sont complètement effondré suite au scandale du dopage qui lui a ravi ses sept titres de vainqueur du tour de France.

Beaucoup de personnalités que l’on encensait s’avèrent être des gens ignobles, sans moral, sans fierté et prêt à tout pour parvenir à leurs fins. Comment caler son pas sur celui des gens qu’on admire quand ces derniers se montrent plus minables et lamentables que n’importe quelle personne lambda ?

J’en viens à la conclusion qu’aujourd’hui, il n’existe plus de héros à proprement parler et ceux qui se prétendent ou qui sont estimés comme tels méritent qu’on creuse de manière approfondie pour découvrir la personne se cachant derrière le mythe.

Personnellement, il y a longtemps que je ne crois plus aux héros et plus les médias essaient de me faire passer quelqu’un pour cela et plus ma méfiance augmentent. Je ne suis pas sûr que tout le monde dispose du même discernement. L’essentiel n’est-il pas de caler sa conduite sur ses principes profonds plutôt que de chercher systématiquement à ressembler à quelqu’un qui, si cela se trouve, ne mérite rien d’autre que du mépris ?