Laila fait partie du cercle restreint des médecins spécialistes en génétique médicale. Ils sont six à travers le pays à avoir choisi cette filière d'excellence.

Laila fait partie du cercle restreint des médecins spécialistes en génétique médicale. Ils sont six à travers le pays à avoir choisi cette filière d'excellence. Lorsqu'on lui demande en quoi consiste son travail, elle répond :

« Nous sommes à l'institut national d'hygiène l'un des rares laboratoires à pouvoir poser le diagnostic des maladies génétiques comme la myopathie ou la fièvre méditerranéenne familiale. »  Si son interlocuteur manifeste de la curiosité par un « comment faîtes-vous ? », elle poursuit : « Il faut dans un premier temps isoler l'ADN du patient, cette molécule en forme de double hélice qui renferme son patrimoine génétique. Différentes techniques de séparation existent. Une fois l'isolation achevée, on fixe sur l'une des quatre bases G, T, A, C qui constituent l'alphabet génétique un chromophore.

C'est une molécule qui émet un rayonnement appelé fluorescence lorsqu'on l'éclaire avec de la lumière LASER intense. On multiplie ensuite l'ADN. Ceci se produit tout le long de l'ADN, sauf aux endroits où le chromophore est fixé. Il faut ensuite faire passer l'ADN à travers un capillaire, un tube de la taille d'un vaisseau sanguin, qui contient une petite cellule irradiée par un LASER. Au cours de la migration, on obtient un pic de fluorescence à chaque fois qu'un chromophore traverse la cellule.

La distance entre les pics correspond à la distance entre les chromophores sur le brin d'ADN. En utilisant quatre chromophores spécifiques des quatre lettres de l'alphabet génétique, on reconstitue la totalité de l'information génétique qui nous intéresse. »

Si les yeux de Laila s'éclairent de la passion qui l'anime lorsqu'elle exerce son métier, elle n'en cache pas moins son insatisfaction quant au statut des médecins spécialistes en cours de formation : « En internat, nous touchons une indemnité de 1500 DH par mois, alors qu'en résidanat, il s'agit de 4500 DH. Les indemnités sont faibles pour une charge de travail qui correspond à un temps plein, sans compter les retards de plusieurs mois dans le versement. Nos dossiers font successivement le tour du CHU, du ministère de l'Éducation, puis du ministère des Finances. »

Leila ne choisit néanmoins pas la solution d'aller s'exiler au Canada ou en France, car elle reste attachée à son pays et à sa famille. Prions le ciel, très sollicité sous notre latitude, pour qu'un décideur se penche sur le sort de nos médecins qui seront les formateurs de demain au sein de la santé publique qui demeure un service primordial rendu au citoyen marocain.