Depuis la nuit des temps, les pots en grès sont fabriqués en Alsace, et c’est avec un grand plaisir que cette matière prend place sur les étagères des cuisines. Au treizième siècle, la poterie alsacienne se répand dans toute la région, de Colmar, à Sélestat. Mais c’est surtout à Betschdorf, à peu près à cinquante kilomètres au nord de Strasbourg, que s’installe un potier allemand qui arrive avec tous ces secrets sur la poterie de grès.

 

Il faut dire que dans la région, nous trouvons beaucoup d’argile vitrifiable dans les forêts, et le sel qui sert de couverture, nous le trouvons également en Lorraine, plus précisément à Château-Salins. C’est depuis mille neuf huit cent soixante dix que Betschdorf compte près de soixante poteries et emploie quatre cent ouvriers.


Pour faire de la poterie, c’est tout un art, car il faut tout d’abord utiliser une argile à forte teneur en silice. Puis après l’avoir recueillie, du fait qu’elle est était exposée aux intempéries, il faut lui laisser une bonne année de pourrissage pour enfin la nettoyer et la malaxer. Ce qui donne une pâte souple que l’on travaille ensuite sur un tour.


Pour le décor c’est un peu simple, il suffit d ‘inciser la pièce avec un stylet de buis puis décorée au pinceau. Une fois le tout sec, on y ajoute poignées, puis les colorants qui sont en général du bleu de cobalt, qui résistent à la forte température de la cuisson. Le four est tout-de-même chauffé à mille deux cent cinquante degrés, et il faut compter plus de cinquante heures pour que le tout soit parfait et surtout étanche.


Puis vient le moment du vitrifiage, afin que l’on puisse conserver longtemps les aliments. Si vous avez une de ces pièces en votre possession (et surtout une cruche) vous avez pu vous rendre compte que l’eau ou le vin, et même la bière y gardent une excellente fraicheur. En Alsace, les amateurs y mettent aussi leur schnaps (mirabelle ou autre) et autres huiles. Les grandes potiches servent à faire cailler le lait pour les fameuses faisselles, et leur prix est vraiment abordable..j’adore aller dans les vieilles maisons lorraines qui en possèdent toujours, elles respirent les cuisines d’antan et les repas de famille.