Le gouvernement  néerlandais a annoncé qu'il ferait tout simplement voter le parlement pour le prochain traité européen, vraisemblablement dans la hantise qu'un nouveau référendum n'aboutisse, comme celui de 2005 à un nouveau refus populaire, le traité constitutionnel ayant été rejeté à 60% lors du dernier vote, amorçant après le non français une véritable crise européenne, pour laquelle on a pu évoquer une "panne" institutionnelle.

"Un référendum n'est pas nécessaire" a indiqué le premier ministre à l'issue d'un conseil des ministre, et "court-circuite le Parlement et le Sénat". Il estime par ailleurs que le nouveau traité a tenu compte des aspirations néerlandaises, et qu'en conséquence l'assemblée sera parfaitement à même de voter le texte. Certains députés pourraient pourtant tenter d'obtenir un référendum, mais comme le sénat y est majoritairement opposé, la requête aurait peu de chances d'aboutir. "Sinon pourquoi avons-nous un parlement?" aurait déclaré le premier ministre… Un partisan du référendum pourrait rajouter malicieusement, "pourquoi avons-nous un peuple?"…

Après la France qui a déjà annoncé que le référendum n'aurait pas lieu, mais que le parlement voterait le nouveau traité, les deux pays qui s'était opposé au traité constitutionnel devrait ratifier cette nouvelle tentative sans grande difficultés, mais sans consultation populaire. La deuxième grande formation néerlandaise (qui en compte trois), le SP, parti de gauche, annonce qu'il tentera d'en obtenir une. Le gouvernement estimant que le nouveau traité ne contient aucune partie "constitutionnelle" juge que ce n'est pas nécessaire et de fait, aucun des grands partis ne s'opposent pour l'heure au texte lui-même.
Les difficultés semblent donc se lever quant à la signature du nouveau traité par les États europeéens au complet, même s'il reste des incertitudes concernant la Grande-Bretagne, qui pourrait organiser un référendum bien que le premier ministre y soit opposé, la Tchéquie, ou encore la Pologne, et l'Islande qui sera tenu d'organiser un référendum. Plusieurs pays, s'ils souhaitent faire ratifier le traité par le parlement ne pourront pas toujours éviter la consultation populaire. Si un accord est pris sur le texte au sommet européen d'octobre, il devrait être signé en décembre, et le nouveau traité pourrait entrer en vigueur en 2009.
Les gouvernements se félicitent généralement de ces avancées, mais ne devraient peut-être pas jubiler: des voix ne manqueront pas de s'élever devant ce véritable contournement des citoyens les plus réfractaires. Lors du dernier référendum, les partis politiques étaient unanimes, mais dans les urnes les résultats furent bien différents parmi les citoyens. Il pourrait être risqué à long terme de construire l'Union Européenne sans les peuples qui la composent, et qui pourrait tôt ou tard, s'en désolidariser complètement…