Au mois de Juillet dernier l’association ANIMAVIE portait plainte auprès du J.D.P, le jury de déontologie publicitaire, contre une publicité de l’association « foie gras gers » au slogan pour le moins surprenant : « canard heureux, canard savoureux » ! Verdict….

 

 

La plainte, dans un premier temps rejetée, a finalement été examinée au mois d’Octobre dernier. Un jury composé de 7 « sages » a pu entendre les arguments des deux parties. D’un côté les défenseurs des animaux ont rappelés la définition de l’adjectif "heureux" : qui jouit d’un bonheur durable et de son caractère inaproprié au vu de la réalité du gavage, à savoir, un embuc de 30 centimètres enfoncé dans l’œsophage de l’animal pendant environ 2 semaines.

L’accent était mis sur la qualité d’une information équitable.

De l’autre côté, les défenseurs du foie gras, (un porte parole accompagné d’une avocate) on affirmé que cette publicité n’avait aucune visée « informationelle », et que le slogan était en réalité un proverbe.

Bien entendu, comme aucun canard n’a pour l’instant réussi a s’exprimer sur le sujet, la question a été posée « comment savoir si un canard est heureux ? »

Difficile de répondre, sauf si on veut bien écouter la nature : de manière spontanée les canards ne viennent jamais vers la machine à gaver : c’est à l’éleveur d’intervenir afin d’empêcher l’animal de se débattre. Toujours en se référant à la nature qui a généralement bien fait les choses, l’alimentation donnée pendant le gavage est contre nature et provoquerait sur l’animal des déséquilibres alimentaires importants sur le long terme, car elle n’est pas adaptée.

Cette argumentation à la fois solide et de bon sens, fournie sur la base de travaux d’experts vétérinaires, aurait du suffire à faire stopper une publicité particulièrement infantilisante et déloyale ; d’ailleurs le jury semblait réceptif aux arguments des associations de protection animale vu qu’il a été rappelé qu’une publicité avait forcément une visée informative et un membre du jury a même raconté qu’il avait été impossible à un de ses proches de pénétrer dans une ferme d’élevage pour filmer le gavage.

Finalement le verdict du J.D.P est tombé : la plainte sera classée sans suite. Il a été jugé que bien que controversée,  les consommateurs étaient suffisamment informés sur la réalité du gavage pour pouvoir se faire une opinion. Un verdict faible et à côté de la plaque quand on considère que le public est suffisamment informé sur les méfaits du tabac sans pour autant autoriser cette industrie à faire de la publicité sur le territoire nationale. De plus le simple fait, d’admettre qu’un sujet est controversé devrait inciter les décideurs à contraindre les annonceurs à la plus grande réserve.

Un signal en tous cas pour ces derniers : désormais on peut inventer des proverbes sur tout et n’importe quoi et affirmer les contre vérités les plus cyniques !