C'est une véritable lever de bouclier qu'a provoqué un courriel de l'inspection académique du Haut-Rhin demandant aux directeurs d'école de son département de répertorier les élèves sans-papiers de leurs établissements, avant qu'un autre courriel ne vienne annuler le premier.

"Mesdames et Messieurs les Directeurs, avez-vous connaissance de scolarisations d'élèves 'sans-papier' dans votre établissement ? Dans l'affirmative, veuillez nous le faire savoir dans la journée par e-mail ou par téléphone. En vous remerciant." était le premier courriel d'un service de l'Inspection académique, mais devant les réactions immédiates des destinataires, l'Inspection académique revient sur son courriel: "Une demande concernant la scolarisation d'élèves sans papier émanant de nos services vous est parvenue par erreur et est sans objet. Merci de ne pas en tenir compte". Le tout s'est produit dans la journée de lundi.
 

Une simple maladresse selon…

Une simple maladresse selon le ministre de l'éducation nationale, contraint à intervenir suite au tollé provoqué, juste à l'issu d'un conseil des ministres, ce mercredi. "C'est une maladresse tout à fait regrettable de deux services de l'Inspection académique", … "Evidemment, il n'y a de la part de personne la volonté d'identifier les élèves qui dépendent de familles immigrées. J'ai dit à l'inspecteur d'académie que je ne lui conseillais pas de renouveler l'expérience" a-t-il expliqué tandis que ses services faisaient savoir que l'Inspecteur du Haut-Rhin serait convoqué à Paris.
 
L'inspecteur se défend en expliquant que c'est une "erreur d'interprétation d'une demande de l'Inspection à sa division scolaire", que l'inspection voulait faire le point sur les enfants déjà connus de ses services, que c'est le FCPE, une association de parent d'élèves, qui en aurait fait la demande, ce dont se défend l'association qui "trouve le procédé lamentable", en précisant qu'elle est membre de RESF, Réseau d'Education Sans Frontière, et qu'elle sait parfaitement où se trouvent les enfants sans-papiers…
 
A Paris les préfets avaient été convoqués pournon-respect des quotas d'expulsions, et l'assemblée vient juste d'adopter un texte permettant les prélèvements ADN pour le regroupement familial, aussi pour certains observateurs, ce courriel tombe fort mal! Les syndicats et les directeurs d'écoles s'insurgent, expliquant qu'ils n'ont pas vocation à devenir des délateurs, dénonçant une chasse aux sans-papiers.
 
Cela tombe peut-être mal pour le gouvernement, ce qui est sûr, c'est que les "sans-papiers" ne sont pas en règle, que malgré tout leurs enfants sont scolarisés, vraisemblablement sans grandes exigences administratives, et que l'Etat ne sait pas combien d'enfants de "sans-papiers" fréquentent les écoles républicaines, tandis que les associations semblent être parfaitement au courant de chaque situation.
 
N'y a-t-il pas comme une certaine hypocrisie de la part du gouvernement dans cette situation mi-figue mi-raisin? Le "sans papiers" est d'une certaine façon un clandestin, qui ne devrait pas se trouver sur le territoire, mais il peut mettre ses enfants à l'école, s'inscrire à la sécurité sociale et à l'AME, et s'il parvient au bout de dix ans à prouver qu'il est resté tout ce temps sur le territoire, alors il peut prétendre acquérir la nationalité française.