Le chêne de Flagey", dit aussi "Chêne de Vercingétorix" a été présenté par Courbet sous le titre "Camp de César, près d’Alesia, Franche-Comté". Ce parti pris polémique va à l’encontre de la thèse officielle qui, fondée sur des fouilles commandée par Napoléon III, situe l’antique Alesia en Côte-d’or (1)

De César ou de Vercingétorix, ce chêne revient de loin. Après de nombreuses expositions, et de nombreux voyages, il serait prochainement de retour sur son territoire, à Ornans, dans le Doubs, Franche-Comté.

Acheté par un américain, Henry C. Gibson (1830-1891), banquier, homme d’affaires, puis donné, en 1896 à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts de Philadelphie, il fut remis en vente en 1987, mais la France ne s’est pas porté acquéreur. Pourquoi ? Pas de moyen ? Pas d’intérêt ? A cette époque, il n’avait pas été fait d’exposition sur les « nus » de Courbet qui étaient quasiment ignorés du grand public ? Effectivement, la rétrospective de 2007, au Grand Palais à Paris n’avait pas encore eu lieu.

En 1987, Courbet, c’était peut être trop rural (Les Paysans de Flagey revenant de la foire,1850), ou trop triste (L’Homme blessé, 1844-45 / Paris, musée d’Orsay, ou encore  le gigantesque Enterrement à Ornans) , à moins que ce ne soit trop « province »…. La pauvresse du village, Ornans – 1867.

 

Courbet, c’est la couverture d’une édition du Horla de Maupassant. Courbet c’est ce tableau dont s’amusent nombre d’internautes, en le citant à chaque image censurée, l’Origine du Monde. Un tableau qui a beaucoup de succès par son côté exhibition mais qui n’est pas l’œuvre maitresse du peintre, et de loin,  puisqu’il n’est pas témoin d’une époque.

La France ne se portera pas acquéreur du Chêne qui partira donc sur l’ile du Soleil Levant, au Japon,  suite à son attribution aux enchères à un riche collectionneur  japonais  Michimasa Murauchi . M. Murauchi possède d’autres Courbet tout aussi prestigieux. Il est le fondateur du Murauchi  Art Museum à Hachioji, à l’ouest de Tokyo.

Et puis, un jour, M. MURAUCHI décida de vendre le tableau. Le Département du Doubs et la Région Franche-Comté se sont  portés acquéreurs, au prix souhaité : quatre millions d’euros. Ce qui paraît exorbitant pour la plupart de nos concitoyens, mais est sans doute justifié par le marché de l’art et l’œuvre elle-même.

L’argent nécessaire a été réuni après de nombreuses démarches, et une souscription auprès des mécènes, entreprises et particuliers.

·         650.000 euros ont été versés par l’Etat Français, via le Ministère de la Culture,

·         300.000 euros ont financé par le Conseil Général du Doubs et la Région Franche-Comté

·         2.500.000.euros proviennent des entreprises mécènes, dont un million d’euro d’un mécène  pour l’instant inconnu

·         200.000 euros ont été recueillis auprès des particuliers, qui par des dons plus ou moins élevés, à partir de petite somme (10.€), ont répondus présents et se sont sentis investis d’une mission.

Ces particuliers, donateurs, auront-ils reçus une entrée gratuite pour le Musée ? Seront-ils propriétaires indivis d’une feuille de l’arbre ?

Oui, ces généreuses personnes bénéficieront des abattements fiscaux en vigueur. Et en fonction de la valeur de leur don, ils seront conviés aux événements du musée. Leur nom sera mentionné sur un registre et la plaque des mécènes révèlera le nom des donateurs de plus de 5.000.€.

A FLAGEY , c’est l’effervescence depuis plusieurs mois, et les manifestations se multiplient. La commune sortirait ainsi de son anonymat. Anonymat régional, national, et sans doute international.  Flagey c’est un peu le Vesoul des amateurs d’art ? Nous n’irons pas jusque là…  Flagey, c’est dans le Doubs et il ne s’agit pas de la commune de Belgique qui apparait en premier lors d’un questionnement  via un moteur de recherche.

Flagey est devenu pour quelques temps un centre de conférence dans le Doubs. Ainsi à la « ferme Courbet de Flagey » s’est déroulée, entre autres,  une conférence sur la protection des AOC suivie d’une table ronde entre les acteurs du monde rural.

Il serait question de replanter un chêne pour fêter ça !

Reste que les polémiques vont bon train en ces périodes de vaches maigres, et d’entreprises qui craignent la crise et la subissent. Un tel investissement pour un chêne dont le modèle a été foudroyé au début du siècle dernier, est-ce réaliste ?

Se dire que parfois, nous sommes bien petits, nous autres, riches ou pauvres, au pied d’un chêne plusieurs fois centenaire, comme nous en rencontrons parfois au cours d’une promenade.

Pourquoi cette œuvre plutôt qu’une autre ? Pourquoi cet investissement plutôt qu’un autre ?

Et oui, peut-être que « ça fait cher de la feuille » !

 

 

(1)    http://kerdonis.fr/ZCOURBET01 

Lire cet excellent article sur Courbet : http://www.evene.fr/arts/actualite/retrospective-peinture-gustave-courbet-grand-palais-999.php?p=2

A ORNANS, le musée fraichement rouvert voit dans le retour du « Chêne » l’occasion d’étendre sa réputation. Ce musée est ouvert tous les jours : www.musee-courbet.fr