Je connais quelqu’un pour qui tout a mal tourné. La faute à la vie. La faute à la crise, bref, la faute à pas de chance. Ce n’est pas sa faute, à lui, mais il a perdu la face, donc il a tout perdu. J’avais perdu sa trace et quand je suis retombée dessus, il était là, assis par terre, au coin d’une rue. Toute sa vie était dans une valise et il essayait de ne pas lâcher prise… Il avait mis sa vie sous un couvercle et s’en était allé avec.
SDF. 3 lettres, une abréviation, pour une vie raccourcie. 133 000 sans domicile fixe en France, en 2012. Ils sont là, ils font partie du paysage urbain et s’ils ne rapportent pas gros, ils ne coûtent pas cher…
J’en connais un, donc… un homme du trottoir. Il n’a pas de « chez lui », il vit au grand air…Plus de compte bancaire, plus de découvert. Il vit au grand jour, et ne fait pas de mystères. Y’a jamais rien de louche dans ses affaires. Il a les clés, pour quand il rentrait, des numéros qu’il composait.. Des photos de ceux qui posaient avec lui. Tiens, il était déjà en retrait…
SDF. On les regarde sans les voir. On évite leur regard. Par gêne, par honte, par dégoût aussi parfois. Et puis par peur … Si ça nous arrivait aussi, à nous, un jour ?
Celui dont je vous parle a une petite boite, pour qu’on y jette, ce qui redressera son assiette… Il ne fait plus de bilan, il ne fait pas recette. Il ne fait plus gaffe à l’étiquette. Il me dit : « Je faisais la pluie, je faisais le beau temps, je n’ suis plus dans l’coup, plus dans les rangs. . » Il n’a plus d’emploi du temps, plus de programme. Sans domicile, sans famille, sans amis, sans emploi… Que des jours « sans », en somme…
Toute sa vie tient dans une valise, et si le couvercle se brise, il n’aura plus rien, il fera plus l’poids, il sera vide comme une coquille de noix !
Il a mis sa vie sous un couvercle et il la défendra ongle et bec. .
SDF. . Des clochards modernes, des mendiants revisités.. Juste une histoire d’appellation, non contrôlée.
A celui là, j’ai proposé un toit. Il a préféré des gants, pour quand il fera froid. «Des gants, on n’en prend plus guère avec moi », m’a-t-il dit.
Trés beau texte Fanfanville.
Un beau regard sur une douloureuse réalité. Etre à la rue, en ville, fait que l’on dépend uniquement de l’humanité des personnes qui passent devant vous.
Les personnes se retrouvant dans la rue, n’ont même plus la dignité de manger en ramassant dans la nature de quoi subvenir à leur besoin comme l’aurait fait le plus lointain de nos ancêtres.
Ce qui est jeté chaque jour en Europe devrait suffir à nourrir toute les populations qui meurent de faim.
Notre monde actuel est une grande bouffonnerie.
Je trouve fabuleux toutes les personnes qui luttent contre cet état de fait.Ce sont les seules personnes qui me procurent de l’admiration.Toutes les autres me font beaucoup de peine.
Merci