Comment est-ce qu’on peut encore s’interroger sur le caractère raciste de Tintin au Congo ? Beaucoup de gens ont énormément de mal à DISCERNER le racisme dès lors qu’il est adressé à des gens auxquels ils ne s’identifient pas. Par exemple, vous voyez pour l’expulsion des Rom en France. Ils ont beau être blancs de peau, ça ne mobilise qu’une très faible partie de la population parce que la majorité ne s’identifie pas à eux.
La grande majorité des gens en France (et en Belgique aussi apparemment) ne savent pas déceler le racisme. C’est ainsi qu’on se retrouve avec des Elise Lucet qui se contente de sourire béatement aux propos racistes d’un Guerlain. Qu’on se retrouve avec des Brice Hortefeux qui peuvent déverser leurs idéologies sans que personne ne bronche, pareil avec les Zemmour et autres.
Hergé n’avait pas besoin d’avoir une VOLONTE de diffuser des idées racistes, elles étaient dans l’air du temps, il baignait dedans. Dans les relations de dominants-dominés, il faut être deux pour que la relation perdure. Si aujourd’hui des voies en Afrique ou en Europe se font entendre pour mettre le point sur ce genre de choses, vous ne pouvez pas décemment leur dire, choisissez vos combats ou vous savez, j’ai été en Afrique et j’ai rigolé avec des anciens qui appréciaient cette BD. So what? L’aliénation culturelle va dans les deux sens. Quand il y a une situation de colonisation, ce n’est pas seulement l’ancien colonisé qui est coupé de son identité et qui est aliéné culturellement, mais l’ancien colonisateur aussi.
Les répercussions de cet état d’esprit vicié, ce sont les générations qui suivent qui en subissent les conséquences. Alors bien sûr vos anciens sous l’arbre à palabres, ils ne pouvaient qu’en rire. Que pouvaient-ils faire d’autre ? Alors bien sûr Guerlain ne peut pas penser autrement que ce qu’il pense, et on pourra lui faire tous les procès du monde, ça ne changera pas sa mentalité. Il est peut-être allé voir des expositions coloniales dans sa jeunesse. Allez lui dire après ça que les Africains sont des hommes comme lui. C’est inconcevable, son esprit est déjà formaté autrement.
Un point que l’auteur du texte et les deux précédents commentateurs semblent ignorer, c’est que la plainte vient d’un ressortissant congolais qui vit en Belgique. C’est sûr que les Africains qui sont en Afrique n’en n’ont pas grand-chose à faire que telle BD soit raciste ou pas. Ils ne sont pas en contact directe avec l’Europe, plus particulièrement la France et la Belgique. Ensuite un des commentateurs nous dit ceci
« Les africains voudraient-ils eux aussi mettre un couvercle sur une réalité qu’ils dénoncent comme les occidentaux, que serait le racisme, et faut-il aussi ne pas parler dans les livres très objectifs que le Ghana était le fournisseur et revendeur des esclaves ? »
Première chose, qu’est-ce que cela vient faire dans le débat ? C’est un argument qui n’a rien à voir avec rien et qui ne justifie en rien le fait que cette bande dessinée soit raciste ou pas.
Plus, il faut connaître l’étymologie des termes. Le mot esclave, vient du peuple « slave ». L’esclavagisme problématique a commencé avec les premiers Européens à s’être installé sur la terre d’Afrique. Ils ont essayé de capturé des Africains. Ils ont réussi une première fois, grâce à leur supériorité technologique. Le fusil et la poudre à canon, mais ça ne s’est pas passé en un clin d’œil. Les Africains se sont laissé surprendre, mais une fois qu’ils ont compris comment fonctionnaient les Européens, ils se sont défendus avec acharnement. Les Européens ont donc dû faire appel aux Arabes qui étaient déjà implantés sur les terres africaines. Les Arabes connaissaient les populations autochtones s’étaient plus faciles pour eux de capturer des Africains, mais ils ne le faisaient pas gratuitement. Les Européens leur échangeaient majoritairement des femmes blanches, des Slaves en échange des captifs africains. C’est de là que le terme esclave est venu. Les efforts répétés des Européens et de leurs alliés arabes ont sonné le glas de grands empires africains, par exemple, l’Empire Mwene Mu Tapa (Monomotapa) dans ce qui est l’actuel Zimbabwe et l’actuel Mozambique, ou encore l’Empire Mwene Mu Kongo (actuelle République « Démocratique » du Congo, Congo Brazza, Angola, République Centrafricaine et Cameroun). Ces empires n’avaient rien à envier à l’Occident. On y trouvait des constructions remarquables, de véritables forteresses et des villes à l’administration complexe.
Les premiers Européens qui ont profité de ce système ont été les Portugais, puis les autres Français et Anglais principalement ont pris la relève.
Il faut savoir qu’en Afrique, il n’y avait pas d’esclaves comme on l’entend en Europe. On parlait de captifs. Il faut bien comprendre que le système de déshumanisation mis en place par les Européens était inconnu de la pensée africaine de l’époque. Un captif ne perdait pas son appartenance à la famille humaine. D’ailleurs après une période de captivité, la liberté était rendue et bien souvent, le captif entrait par mariage dans la famille de ses anciens détenteurs. Rien à voir avec la vision déshumanisante de l’esclavage vu par les Européens, surtout par Napoléon et son fameux Code Noir.
Les premiers Portugais en Afrique centrale ont été accueillis comme on accueille un étranger. Les relations étaient cordiales. Des Princes du royaume Kongo ont été reçus par les Portugais sur leur sol avec les égards dû à leur rang. Des dignitaires portugais se sont installés au royaume Kongo et, chose impensable dans le XIX et XIV siècle raciste se sont mêlés à la population par mariage, pas par viol comme on l’a vu par la suite. Des femmes blanches de peau épousaient des hommes noirs sans contrainte, sans force tant que les hommes étaient convertis au christianisme. On trouve encore leurs descendants de nos jours, et c’étaient des alliances passées au XIII et XIV siècles.
L’Occident à cette époque ne se pensait pas en tant que blanche, mais en tant que Chrétienne. Avec la fin des Empires Africains, et l’expansion de sa propre puissance, l’Europe a eu besoin de justifier le commerce d’êtres humains, d’où l’émission de thèses racistes. La volonté de prouver scientifiquement le bien-fondé du concept de races a fait son chemin. On en voit les répercussions et les effets négatifs jusqu’à aujourd’hui. Si les races telles qu’elles ont été définies existaient, Barack Obama, Yannick Noah, Mariah Carey, Bob Marley, n’auraient pas eu d’enfants. Ils seraient stériles. Bref.
Ce qui est problématique avec des ouvrages tels que Tintin au Congo, c’est que seul une infime partie de la population est choquée. La plupart du temps se sont des Africains Européens. On se rend compte qu’une grande majorité de la population de l’Europe est encore formaté pour accepter certains schémas de pensée. Alors on ne peut plus employer le terme nègre, s’étonne un commentateur ? Il faut le mettre entre guillemets et brûler tous les livres où ce terme a été employé ? Personne ne demande de telles mesures. Et puis en littérature chez nos voisins d’Outre-Manche, ils emploient le terme de « ghost writer » pour ce qu’on désigne ici de « nègre » ou de « nègre littéraire ».
Une langue évolue. Elle évolue parce qu’on la partage avec d’autres. Ce n’est pas être politiquement correct, il s’agit de s’adapter au monde et aux nouveaux citoyens qui le peuplent. Des citoyens avec des identités multiples qui entrent parfois en conflit avec les identités majoritaires et encore dominantes. Quand la langue évolue c’est aussi le reflet que la société évolue, que les mentalités de ceux qui utilisent cette langue évoluent.
Au Royaume-Uni, le problème de Tintin ne se pose pas, puisque un bandeau indique effectivement que le contenu de l’ouvrage est problématique. Ce qui est étonnant, c’est que la Belgique et la France soit encore incapable de poser le doigt sur le problème. Cela vient sûrement de l’histoire coloniale de ces deux pays. Bien des gens refusent catégoriquement de se pencher dessus, en France en tous cas. Vous allez à Liverpool, tout le monde sait que tel ou tel dignitaire de la ville a fait fortune grâce au commerce d’êtres humains dans les siècles passés. C’est inscrit sur les plaques des statues érigées à leur gloire, c’est inscrit sur les bancs publics, sur les plaques de rues. Faudrait-il faire cela à Nantes ou à Bordeaux ? Cela permettrait peut-être de percer l’abcès et d’avoir un regard décomplexé sur tout cela.
D’aucuns diront, mais il faut des commissions de réparation pour l’esclavage et la colonisation ? C’est ça la prochaine étape ?
Est-ce que les enfants doivent être responsables des méfaits de leurs parents ? Je ne le pense pas, ça ne semble pas très juste. La moindre des choses, serait de permettre aux pays africains d’émettre leur propre monnaie, de sortir de l’aberration du franc CFA, de ne plus pactiser avec des gouvernants à la solde de l’Occident (ça c’est plus dur, on se serre toujours les coudes entre Francs-Maçons) de payer les matières premières à prix véritables ( mais ça c’est plus dur ça veut dire qu’on devra être pauvre en Occident, on ne pourra plus rouler en voiture, on aura plus d’uranium pour nos centrales surtout en France). Beaucoup de gens ont intérêt à ce que tous ces relents de néo-colonialisme sur la base du racisme perdurent. Si les gens venaient à se réveiller, autant en Afrique qu’en Europe, la façon de vivre que nous connaissons serait à remettre en question.
Bon, et si on mettait Tintin aux arrêts ?
Voyez la situation!
Tintin aux arrêts? Ce serait un super titre d’album.Il faut prévenir Tintin que les Dupond/t sont après lui. Il n’aura plus qu’à se sauver et dire à son petit Milou de courir, même si son petit chien blanc est toujours le plus rapide et le précède d’au moins 100 mètres à chaque fois.
Tout le monde l’aime bien Tintin,il est courageux, intègre, loyal. On peut être tout ça et raciste. Le racisme n’est pas l’apanage des borgnes éloquents.Tintin, il peut aller partout, sauf en Suède où l’album est interdit. Faut juste pas qu’il aille au Congo parce que soudain on peut voir sa vraie couleur 😉
[quote]Hergé n’avait pas besoin d’avoir une VOLONTE de diffuser des idées racistes, elles étaient dans l’air du temps, il baignait dedans.[/quote]
Oui,le racisme était déjà présent à cette époque!
Hergé Raciste ???
J’en serai fort étonnée …
j’adore Tintin et n’y ais jamais trouvé de connotations raciste!
Hé oui, même que bientôt, il sera interdit de citer la couleur NOIRE ! On préférera bien sûr dire ou écrire BLACK s’est quand même mieux! Oui en effet, il est bien de se cacher derrière son petit doigt !
Hypocrites !
Moi je crois que les plus racistes sont les antiracistes, par exemple le Congo, la Suède,les assos antiracistes et compères, droitdelhommiste, etc.
Le chemin qui sépare deux extrêmes s’appelle l’intelligence, celui qui les rapproche se nome l’ignorance.
Julien Truyen.