Aide-toi, le ciel t’aidera, mais n’impose plus seulement tes mesures de secours à tes seuls salariés. Tel est l’étonnant message – tout simplement parce qu’il détonne, non parce qu’il implique en soi – du chef économique de la Banque d’Espagne aux entrepreneurs espagnols.
José Luis Malo de Molina, de la Banque d’Espagne, lie la compétitivité retrouvée (ou plutôt encore en voie de rétablissement) de l’économie espagnole à une « dévaluation interne » qui suppose que l’effort soit porté tant sur la réduction des marges bénéficiaires des entrepreneurs que sur celle des charges, notamment salariales.
La marge bénéficiaire, c’est tout simplement la différence entre le prix de vente de biens ou services et les coûts de production (achats, fonctionnement, coûts salariaux…). Pour Malo de Molina, la dévaluation interne doit permettre de rendre plus attractive la production espagnole, mais en évitant de détruire l’emploi. Les gains de productivité fondé sur la réduction des coûts salariaux ne peuvent suffire. Pour ajuster les prix à la baisse, il convient aussi d’agir sur les autres coûts de production, mais aussi les marges bénéficiaires.
Le raisonnement n’a rien de révolutionnaire. Si un fournisseur réduit sa marge et que son client, un intermédiaire, fait de même, ces deux acteurs économiques ajustent non seulement leurs prix à la demande interne mais sont plus compétitifs par rapport aux concurrents étrangers, et peuvent donc gagner des marchés à l’export. Le corollaire est que la capacité d’investir et d’innover dépend de la part prélevée sur les bénéfices à consacrer à la recherche et au développement. Mais ce qui se produit actuellement, c’est que la plupart des bénéfices ne sont pas réinjectés en R&D, mais en salaires des dirigeants et dividendes aux actionnaires.
Cela étant, l’économie espagnole aura sans doute besoin d’aide extérieure et comme l’a souligné Dominique Strauss-Kahn depuis Séoul où il assistait à une conférence, les pays du sud de la zone euro doivent pouvoir financer leurs emprunts sans devoir consentir des taux d’intérêts exorbitants.
L’Italie poursuit aussi dans la voie des mesures d’austérité en augmentant d’un point le niveau de la TVA (de 10 à 11 % et de 22 à 23 % selon les produits) mais en diminuant d’autant ceux portant sur le revenu pour les deux plus basses tranches d’imposition.
Mais l’Allemagne, en tout cas ses décideurs les plus en vue, tient-elle tant que cela à voir la compétitivité des pays du sud se rétablir ? Pourquoi les détenteurs de capitaux continueraient-ils d’investir dans des pays où la marge bénéficiaire serait inférieure à ce qu’ils espèrent ? Certes, vient un temps où le pouvoir d’achat ne permet plus d’acquérir des biens ou services et les exportations allemandes vers les pays du sud européen risquent de stagner.
En fait, l’an dernier, selon le FMI, des sommes équivalant à 27 % du PIB espagnol et à 15 % de celui de l’Italie a fui ces deux pays. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, qui siège à la BCE, peut bien rappeler que les pays qui sortent du rang des mesures d’austérité préconisée ne pourront bénéficier d’aides européennes, quoi qu’ils fassent, rien ne peut obliger les marchés à stopper la dégradation des plus faibles pour conforter les moins risqués (lesquels n’en sont pas moins fragilisés par d’incessants mouvements de capitaux).
Les mesures ne visent que les gouvernements. Mais hors secteur touristique ou exportation de main d’œuvre, ou de rente minérale (pétrolière ou autre), point d’agriculture ou d’industrie, foin de services. Les contraintes peuvent être multipliées, durcies, tant qu’elles n’engagent pas le secteur de la finance, toujours plus parasitaire, tirant davantage de revenus des mouvements de capitaux que d’autre ressources, tout restera vain.
En attendant, la Croix rouge espagnole se transforme en restos du cœur, et demande soit des fonds, soit des colis alimentaires, pour les redistribuer.
Coût de revient et prix final. Trés bonne approche pour comprendre la problématique.
Un exemple « réel » : un produit coûte moins de 100 euros à la sortie de l’usine HT, il est revendu à 500 euros TTC en france (prix moyen sur le marché)…
Ce qui plombe l’économie déja est le nombre d’intermédiaires entre le producteur fabricant et le client final. Le transport est nécessaire mais variable aussi, le reste est du commercial qui fait souvent vivre plus de personnes que n’apportent d’avantages au fabricant ou au client utilisateur.
Si le service a ses raisons la raison de servir des gens en nombre entre deux qui représentent parfois 50% du prix final soulève des questions réelles ensuite de productivité et de pouvoir d’achat dans nos sociétés ou beaucoup touche au passage sans rien apporter au collectif….
Consommer ou produire profite à tous, mais jouer le passeur de relais remplit les pôches de nombreux actionnaires qui empêchent donc le développement des produits sur le marché et la consommation.
Délocaliser une production pour des industriels est donc la seule solution parfois pour continuer à exister.
Jadis vous alliez à la ferme chercher votre oeuf, désormais cela revient en force grace aux moyens modernes de consommer avec Internet, ce qui devrait faire descendre les prix, en principe, en éliminant au maximum les intermédiaires.
Un produit fabriqué en Allemagne, se retrouve vendu en france à 1000 euros par le réseau de distribution commercial, ce produit identique est 50% moins cher en Belgique ou en Allemagne (avec un réseau commercial ici). Le même produit vendu en afrique avec marge bénéficiaire de l’usine est à 300 euros. Donc en passant par un autre pays étranger et en le réexportant en france vous pourriez l’obtenir moins cher que partout en Europe actuellement. Ce qui prouve que l’usine en direct face au client est viable. Tout le reste c’est des gens qui ne produisent ou ne consomment pas mais qui se jouent du marché et des lois internes de chaque pays.
(Exemple donné sur un produit usuel non cité que je connais trés bien)
PH