Dans nos villes de grande solitude, dans nos rues où l’on préfère baisser les yeux plutôt que de croiser un regard, échanger deux mots ou un vrai sourire, dans nos immeubles qu’on croit souvent être les seuls à habiter, dans nos « chez nous » où nos claviers repoussent une chaleureuse présence humaine,  on se fabrique des amis virtuels, où les vrais potes côtoient sur une même liste, les faux amis, ou les amis de gens qu’on n’a jamais vus, mais qu’on appelle amis quand même. Parce que, bon, on a une image de marque à défendre ! Pas d’amis, Patapoum, le monde s’écroule, et notre réputation avec ! Tout comme l’on peut jouer et « gagner une vie », on peut cliquer, et avoir autant d’amis qu’on veut, au risque, peut-être, de perdre et le sens des réalités et le sens de la mesure! Alors, sauvons les apparences… Faisons comme si…Comme si tout allait bien..

Affichons notre plus belle photo. Quelqu’un va sûrement nous dire « j’aime »…Euh, non, pardon, l’écrire seulement…   Mais bon, on est content quand même, on se dit, « on m’aime »…  N’empêche, le lendemain, on ne peut s’empêcher de mettre « à la une » un portrait qui nous semble meilleur, parce qu’on n’est pas sûr…

Racontons nos vies, heure après heure, du chant du coq au coucher du soleil… Montrons que l’ennui, on ne connait pas. .. Rassurons-nous, à défaut de vraiment captiver nos lecteurs…

Et surtout, restons connectés ! La vie est là, sur nos écrans…. Nos yeux savent-ils encore voir ailleurs ? Y’a comme un doute.  Car une panne de connexion peut nous plonger dans une angoisse terrible et nous faire perdre notre respiration… Ah, parce que, tiens, on respirait juste avant, jusqu’à présent ? Pour de vrai ? Non !! Et si on reprenait notre souffle, de temps en temps.. ?

Allez, les amis, parlons plus, parlons mieux, faisons « profil bas », ôtons nos masques et cessons un instant d’enjoliver notre statut, d’épier la vie de nos « amis », Promenons-nous dans la ville, fabriquons nous des souvenirs, des vrais. Promenons-nous dans les bois, même si le loup y est !