Poème pour un sculpteur (2)

 

Le couteau frappe à vif

Blessant

Le terreau de l’enfance

 

Il veut violenter la terre

Qu’elle se livre

Qu’elle le délivre

De l’enfant orphelin

 

Elle enfouit sa face

Au plus profond de la paroi

 

Femme décapitée

Au ras du sol

 

                                               –qui habite ce corps

                                                       Sans voix sans visage

                                                                    Qui distille des paroles rares ?

 

 

*  *   *

Reste la femme fleuve

Au murmure d’eau bruissante

 

Celle qui enfante un pays hors frontière

Celle sur qui passe

Et repasse la mer

 

La femme lisse

Polie par les mains tendresses

 

Celle qui parcourt des années de pluie

De caresses

 

Reste la femme féconde

Ramasseuse de blé

Et d’enfants couleur paille

 

La femme humanité

Qui a mémoire du premier cri de la terre

 

La femme prophète

Qui mêle son souffle à l’océan

 

 

                        * * *  

           

Toutes ces femmes échappées de son souffle

Faces d’ombre et de lumière

Socle de glaise ou socle de chair

Partout il cherche

La bien aimée.