Dans la catégorie "j’aurais mieux fait de me taire", Todd Akin se place comme un sérieux concurrent ! Cet élu, représentant du Missouri au Sénat, et qui est en lice pour sa réélection, a déclaré : "De ce que j’entends de la bouche des docteurs, la grossesse après un viol est très rare. […] S’il s’agit d’un véritable viol, le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer ça".
Malgré l’appel du candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, ainsi que celui de son colistier Paul Ryan, à abandonner la course au Sénat, le très conservateur Todd Akin a confirmé qu’il allait briguer un nouveau mandat bien qu’il ait commis cette bourde monumentale. "Mes positions sont fidèles à celles de mon parti. Je sors d’une primaire très difficile et je l’ai remporté en collant à nos principes conservateurs. Je continue de penser que je suis toujours le meilleur homme pour gagner". Cependant, on peut s’étonner que tous les médias aient évoqué des excuses. Au contraire, on peut voir dans cette déclaration un excès de franchise de la part de cet élu républicain. Tout au plus, il remet en cause la façon dont il a exprimé sa conviction… Mais comme il le dit lui-même, cette position anti-avortement est "fidèle" à celle adoptée par son parti.
Nombreux sont ceux, dans les rangs républicains, qui considèrent que l’avortement ne doit être pratiqué que dans des cas très précis : risques pour la mère, inceste, viol, etc. Ainsi, la proposition de loi intitulée "No Taxpayer Funding for Abortion Act (NTFAA)", soutenue par de nombreux élus républicains aurait pour but d’autoriser l’avortement simplement en cas de "viol forcé", à rapprocher de la notion de "viol véritable".
Pour l’anecdote, les 2 principaux soutiens de Mr Akin sont 2 candidats de la dernière primaire du Parti Républicain : Mike Huckabee et Michele Bachmann. Le premier, animateur sur une télé évangéliste, a des positions très… comment dire ? conservatrices en ce qui concerne l’avortement ou bien le mariage homosexuel. Sur l’avortement, il déclara en janvier 2008 : "il faut amender la Constitution pour l’interdire [l’avortement] et y inscrire que la vie commence dès la conception". Quant à l’homosexualité, il la condamne et l’a rapproché insidieusement de la pédophilie, de la polygamie et de la zoophilie. Florilège : "Ce n’est pas extrémiste que de vouloir définir le mariage. Etre extrémiste, ce serait de changer la définition du mariage qui pourrait être l’union de 2 hommes, de 2 femmes, d’un homme et 3 femmes, d’un homme et un enfant, d’un homme et un animal". Quant à Michele Bachmann, elle aussi évangéliste, elle a affirmé en 2004 que l’homosexualité était l’oeuvre de Satan (!), un dysfonctionnement sexuel et un désordre identitaire. Rien que ça ! Quand à l’avortement, elle reconnaissait en 2011 son utilité en cas de viol ou d’inceste. Dans son Etat du Minnesota, elle a tout de même essayé d’interdire le financement de tout avortement par des fonds publics.
Inutile de préciser que le président en exercice Barack Obama a profité de cette sortie malheureuse pour qualifier la position de Todd Akin de "choquante". Il a affirmé qu’en toutes circonstances, "un viol est un viol". Président en exercice, Barack Obama ? Devant tant d’inepties, on imagine mal comment les Républicains et "Mr.Nobody" (Mitt Romney) pourront venir contester la mainmise démocrate.
Sources : Le Figaro, Le Parisien, Le Nouvel Obs.