Le 9 août 2007, BNP Paribas suspendait la valorisation de trois de ses fonds adossés à des crédits de type subprimes. Cet événement marque le début de la crise des subprimes. Cinq ans après, où en est-on ? Dossier spécial, première partie.

 

 

 

 

Qu’est ce qu’un "subprime" ?

Un subprime est un terme utilisé pour désigner des emprunts, particulièrement des crédits hypothécaires, plus risqués mais à meilleur rendement pour le prêteur. Il est attribué à des clients jugés moins fiables par des agences de notation sur leur capacité de remboursement. Côté prêteurs, le rendement est important et l’on pense que la hausse fréquente des prix de l’immobilier les assure en cas de défaut de paiement. Si l’emprunteur ne peut plus payer, la revente du prêt immobilier posé en garantie est censé lui faire récupérer son dû. Côté clients, les taux d’intérêt sont très élevés mais les établissement utilisent des ruses pour faire mieux passer la pilule, notamment des taux d’intérêt variables, faibles au début, plus élevés sur la fin, dont les calculs sont basés soit sur les taux interbancaires, soit sur les taux directeurs de la la banque centrale. Ces crédits subprimes étaient particulièrement utilisés aux Etats-Unis où ils représentaient en 2006 23% des prêts immobiliers.

 
La titrisation des créances

 

La titrisation est une technique permettant de transférer à des investisseurs des actifs (comme les prêts) transformés en titres financiers, via une société spécialisée qui finançait le prix d’achat en émettant des titres sur les marchés. Dans ce contexte, la titrisation des créances, regroupées par paquets de plusieurs milliers, les transformait en une obligation appelée Asset-backed security (ABS) revendue à un rehausseur de crédit. Ce dernier a pour mission de réunir des créances dans des portefeuilles (des lots) dans le but que les meilleures créances puissent combler les plus douteuses et ainsi lui attribuer la note maximum AAA. Le rehausseur de crédit pouvait ensuite émettre des emprunts au grand public via les banques en présentant des produits d’épargne comme sans risque. C’est exactement ce qui s’est passé entre 2004 et 2007. Les réhausseurs de crédit mélangeaient les ABS avec des titres moins risqués pour émettre des CDO (Collateralised debt obligation), autrement dit des obligations permettant aux banques de présenter des produits jugés sûrs aux clients.


Que cherche la banque avec cette technique ?

 

La banque cherche à sortir les prêts de son bilan. Quand une banque prête de l’argent, elle doit disposer d’une réserve de fonds propres suffisante définie par les régulateurs. Avec cette titrisation (prêts transformés en obligations CDO vendues à des investisseurs), la banque faisait sortir ce prêt de son bilan. Plus de problème de réserve de fonds propres, et ce processus pouvait être illimité.

Cette partie était l’introduction de ce dossier spécial. Dans la deuxième partie, nous verrons les difficultés qui sont nées de ce système. Dans la dernière partie, nous verrons où en est le marché immobilier américain et la régulation bancaire américaine.