Pour la première fois depuis 1960, les escrimeurs français rentrent bredouilles des Jeux Olympiques, aucune médaille en individuel.
Les français ont été décevants tout au long de ces Jeux Olympiques, seule satisfaction: les jeunes Yannick Borel et Ysaora Thibus. En effet, cette équipe de France orpheline de ses anciens leaders, les frères Touyat et Jeannet, devait se reconstruire, seulement la reconstruction est loin d’être terminée comme en témoigne les résultats des escrimeurs français.
A ces résultats très décevants s’ajoutent un terrible constat, l’escrime française ne semblent pas avoir les ressources nécessaires pour redevenir la grande nation qu’elle était, mais surtout elle n’a pas eu les ressources d’être une nation qui compte et qu’on remarque (en bien). En effet, cette équipe de France est en pleine reconstruction comme en témoigne les âges des participants: Laura Flessel a 41 ans, Corrine Maitrejean a 38 ans, Erwann Lepechoux et Victor Sintès ont tous les deux 30 ans. Victor Sintès et Corrine Maitrejean disputaient leurs premiers Jeux Olympiques à plus de 30 ans, ce qui est tard, comme Astrid Guyart à 29 ans, Gauthier Grumier à 28 ans et Boladé Apithy à 27 ans. Cet âge avancé pour des premiers Jeux Olympiques montrent la densité extraordinaire que connaissait l’escrime française. Seulement tous ces "novices" au niveau olympique n’ont pas passé les 1/8e de finale et ont semblé complètement dépassé par l’enjeu incapables de produire un bel assaut.
Ils sont sûrement conscients des attentes de la fédération et du public français qui, habitués aux médailles, sont devenus très gourmands et en demandent toujours plus. Seulement, ces escrimeurs étaient-ils capables de faire mieux? Au regard de leurs performances internationales, non. Aucun d’entre eux, à part Boladé Apithy n’est monté sur un podium cette année. Ainsi, cette "désillusion" n’en est pas vraiment une. Pour ceux qui suivent l’escrime avec attention, ce résultat était prévisible et ce, malgré les bonnes prestations des deux espoirs, Yannick Borel et Ysaora Thibus. Agés respectivement de 23 et 21 ans ils semblent en mesure de redonner des couleurs à l’escrime française dans quelques années, une fois qu’ils auront emmagasinés plus d’expérience internationale. Enzo Lefort, l’autre espoir de 21 ans n’a pas pu faire grand chose face à Erwann Lepechoux et il faudra peut être attendre un peu avant de le voir atteindre le plus haut niveau.
De plus, avec le départ de Laura Flessel et Corrine Maitrejean, l’escrime française devra se trouver de nouveaux leaders et ces Jeux Olympiques peuvent servir de références pour tous ces athlètes de 28-29 ans qui ont découvert les Jeux Olympiques et qui sauront tirer profit de cette expérience douloureuse pour ramener l’escrime française au top niveau. Ces jeux sont décevants mais sont une étape dans la reconstruction de l’escrime française.
Rendez-vous dans 4 ans à Rio.
En revanche, nous pouvons être fiers d’Ysaora Thibus qui du haut de ses 21 ans et qui, pour son entrée en lice dans ses premières olympiades, s’est offerte la championne d’Europe en titre, la russe Deriglazova avec un score fleuve de 15-8 avant de tomber en 1/8e de finale face à la japonaise Ikehata 11-15. Cette jeune escrimeuse est peut-être l’avenir du fleuret féminin, il ne lui reste plus qu’à confirmer au plus haut niveau après son titre de championne du monde junior obtenue en 2011.
Chez les hommes, le résultat n’est pas meilleur. Pour commencer, le tirage au sort a opposé deux français dès le premier tour, Enzo Lefort, qui du haut de ses 21 ans n’a pas eu le temps de montrer sa valeur face à son compatriote Erwann Lepechoux, qui à 30 ans et après deux Olympiades qui l’avaient vu prendre la 13e place en 2004 et la 7e en 2008 a fait parler l’expérience pour se défaire du guadeloupéen avec un score de 15-9. Tandis que Victor Sintès assure tranquillement sa qualification pour les 1/8e de finale.
Alors évidemment, nous sommes déçus par leur élimination dès les 1/8e de finale,pourtant, cette élimination s’avère logique au regard des classements des athlètes:
Lepechoux est classé 12e mondial alors que son adversaire le coréen Choi est classé 6e, même chose pour Sintès, 10e mondial, opposé au chinois Lei, 9e mondial.
En voyant ces classements, nous pouvions nous attendre à des matchs disputés et peut-être même à une victoire française, malheureusement, les fleurettistes ont perdu tous leurs moyens. Pourtant assez proches au classement mondial, Victor Sintès n’a pas existé face au chinois et s’est incliné 6-15, un score à l’image de l’escrime française lors de ces Jeux Olympiques humiliant et surtout inquiétant.
A cette déception, s’ajoute la contre-performance d’Erwann Lepechoux qui menait 7-2 au moment où le coréen Choi demande un « injury time » pour une blessure au bras. Quatre minutes plus tard, le coréen revient survolté et assaille Lepechoux qui s’était probablement relâché pendant le temps mort et qui s’inclinera finalement 13-15 alors que tous les espoirs étaient permis jusqu’à ce temps mort.
En l’absence de Maureen Nissima, championne du monde en 2010 à Paris, Laura Flessel-Colovic représentait la France à l’épée. A l’image de Tony Estanguet qui après la déception de Pékin en 2008 revenait à 40 ans avec une grosse ambition, Laura Flessel-Colovic avait à coeur de réaliser une belle performance. Seulement, il faut croire qu’être porte-drapeau de la délégation tricolore porte la guigne puisque comme Tony Estanguet, (précédent porte-drapeau qui avait raté ses Jeux de Pékin), Laura Flessel-Colovic n’a pas réussi à briller. Son expérience internationale et ses trois médailles obtenues lors des précédents Jeux Olympiques (une de chaque métal) l’ont sauvé lors de son premier match contre l’américaine Hurley qu’elle remporte15-12 après avoir été menée dans le premier tiers temps, mais n’auront pas suffi puisqu’elle a dû s’incliner en 1/8e de finale
face à la 4e mondiale, la roumaine Simona Gherman 13-15. Malgré un assaut très disputé, Laura Flessel-Colovic n’a pas pu se défaire de la roumaine de 14 ans sa cadette!
La fin d’une belle histoire d’amour entre la porte-drapeau tricolore et les Jeux Olympiques qui lui auront apporté toutes les médailles et donc d’immenses joies mais aussi de grandes désillusions et déceptions comme lors des deux derniers Jeux Olympiques.
Chez les hommes, le sentiment est mitigé. Autant Yannick Borel s’est affirmé comme un grand espoir de l’escrime française contrairement à Gauthier Grumier qui peine à exploser depuis son titre de vice-champion du monde en 2010
comme en atteste sa piètre prestation pour ses premiers Jeux Olympiques faisant montre d’une grande passivité lors des deux premiers tiers temps avant d’enchaîner les double-touches jusqu’à ce que le norvégien Piasecki prenne deux points d’avance que le français ne remontera jamais pour finalement s’incliner 13-14.
Yannick Borel, lui, nous a redonné l’espoir en battant avec aisance l’ukrainien Karuchenko 15-10 avant de s’offrir le numéro 2 mondial en 1/8e de finale, le suisse Fabian Kauter 15-11. Seulement l’histoire était trop belle et quand ça ne veut pas, ça ne veut pas…Piasecki met un terme aux espoirs de médailles de l’épée française, le même norvégien qui avait éliminé Gauthier Grumier plus tôt dans la matinée. Yannick Borel a dominé son match et avait même une avance confortable avant de se relâcher et de se faire rattraper par son adversaire pour s’incliner à une touche près 14-15.
Le sabre homme était représenté par Boladé Apithy, vice-champion d’Europe en 2011, 2012 et 3e en 2010. Cet athlète de 27ans, participait à ses premiers Jeux en individuel comme la plupart des membres de l’équipe de France et nourrissait légitimement de grosses ambitions. Mais c’était sans compter sur le bélarus Bulkevich qui l’oppressait d’entrée de jeu tenant le français à 7 points à la fin du premier tiers temps, malgré une bonne reprise en main, Boladé Apithy finit par s’incliner 11-15. Sûrement tétanisé par sa première participation aux Jeux Olympiques et son statut de favori, la plus grande chance de médaille française s’est effondrée au premier tour, un mauvais présage qui ne cessera de se confirmer.
Chez les femmes, Léonore Perrus, seule représentante française, participait à ses 3e Jeux Olympiques après sa 6e place en 2004 et sa 19e place en 2008. Elle aussi, comme ses camarades fleurettistes a un palmarès entièrement vierge de tout titre individuel et vu sa dernière expérience olympique, le titre ne lui semblait pas promis malgré une grosse préparation, néanmoins, nous n’imaginions pas qu’elle se ferait éliminer au 1er tour pour ce dernier jour d’épreuve individuelle.
Malheureusement, notre dernière chance de médaille individuelle a raté son entame de match, étant largement menée de cinq touches avant de revenir dans le match, cependant l’écart était trop grand et elle s’incline 12-15, abattue et déçue à la fin de son assaut comme nous tous, affectés et affligés par cette triste performance de l’escrime française.