Safran

 

Ta bouche a le goût du safran,

Endors-toi tranquillement

Dans les draps bleus de la nuit

Tais-toi, ça suffit,

Donne-moi tes mains, que je te les attache,

Donne-moi ton coeur, que je te l’arrache

Et ton pouls, et ton âme perdue,

Que je te boive, que je n’en puisse plus.

 

* * *

 

L’homme accroupi

 

Dans le désert déchiré, un coeur

Balayé par le vent,

C’est l’homme qui se meurt

D’avoir été trop amant,

L’homme accroupi fait escale

Sous un soleil sans remords,

Teint moite, mains sales

D’avoir souffert à tort,

Le corps noyé sous une marée de sable

Attend la nuit d’une constante frayeur

De voir se dérober ce sol instable

Dans les limbes de l’ailleurs,

L’homme accroupi fait voix muette,

Sa gorge ruisselant rouge,

La voix se brisant mille miettes

A l’heure où plus rien ne bouge.

 


Copyright Terhi Schram, juillet et août 2009.