Le 8 juillet dernier, TF1 a diffusé lors de l’émission Sept à Huit des extraits de la conversation du "tueur au scooter" Mohamed Merah avec le RAID. Une grande responsabilité. Répondre par l’affirmative a permis à la chaine privée de sortir un véritable scoop. Mais, en retour, de prendre une belle volée de bois vert… de la part du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel). En effet, son président Michel Boyon, s’est ému de cette diffusion, se faisant le porte-parole des familles de victimes. "Il n’est pas acceptable qu’on puisse se moquer ainsi de la douleur des familles ou manquer de respect à des personnes qui ont été blessées" avait t-il déclaré à chaud. 

 

Pour autant, sans exclure la douleur des familles endeuillées par la faute de ce tueur fanatique, on peut se poser la question de la nécessité de diffuser ces échanges avec Merah. Eh bien, j’aurai tendance à répondre OUI. Je ne nie pas que cela ait pu remuer le couteau dans une plaie à peine recousue et encore fraîche chez les familles, mais ces enregistrements ont incontestablement une grande valeur journalistique, autrement dit, ils ont valeur d’information.

 

En effet, étant mort, Merah ne pourra jamais s’expliquer devant la justice de ses crimes. A ce moment, j’aurai donc tendance à comparer la situation du Toulousain à celle du tueur d’Utoya, Anders Behring Breivik. Les similitudes sont importantes. Tous les deux ont commis des crimes au nom d’une idéologie assez obscure… et pour le moins extrêmiste. Le tueur français a commis ses forfaits au nom de la lutte des Palestiniens contre les Israëliens, comme il l’affirme dans les enregistrements de ses conversations avec les négociateurs du RAID. En bref, au nom du Jihad (guerre sainte) et sous la bannière d’Al-Qaeda.

 

Quant à Breivik, ses crimes étaient commis au nom de la lutte contre le multiculturalisme ! Bon, je caricature, mais en gros, on peut résumer cela ainsi. Affilié à l’extrême droite, il s’est encore plus radicalisé, vouant une haine de l’Etranger, avec un grand E. Ainsi, tuer de jeunes innocents faisant partie du parti social-démocrate norvégien, cela revenait à abattre des ambassadeurs du multiculturalisme, que lui, honnissait et vomissait.

 

Donc, la seule différence entre ces deux fanatiques, c’est que l’un est mort en martyr comme il le souhaitait (lui qui affirmait durant le siège de son appartement que la mort, il l’aimait comme on peut aimer la vie…), mais l’autre est resté bien en vie, et ainsi… a pu s’exprimer lors de son procès. Une audience rendue publique, malgré les nombreuses protestations.

 

Et c’est ici que je veut en venir. Rendre public les enregistrements où Merah justifie ses crimes, c’est comme autoriser de filmer le procès de Breivik. Une sorte de procès par contumace, un procès à titre posthume. Un procès qui permet à tout un chacun d’être juge et de condamner les propos hallucinants tenus.

 

Je considère qu’il est nécessaire d’entendre ses individus, malgré les atrocités qu’ils ont commises et malgré la teneur abominable des propos pour les justifier. Entendre, pour mieux comprendre, puis réfuter des justifications absurdes !

 

Et surtout, ne pas nier, enfouir sous le tapis ce type de discours. Pour prendre conscience que cela peut exister, que cela continuera à exister, mais que cela doit être fermement combattu ! Malgré la peine immense que cela peut causer aux familles.

 

Car avant tout, c’est peut-être un discours "déviant" de la norme, mais tenu par un être humain. Et des humains certes dérangés mais loin d’être fous ! Pas des monstres, ni des fous… simplement des humains !