La vague de suicides à France Télécom entre 2008 et 2010 avait défrayé la chronique. La "mode des suicides" : tout le monde se souvient de cette déclaration déplacée du PDG d’alors, Didier Lombard. Une mode dont il est accusé d’être l’un des instigateurs. Il vient d’être mis en examen pour "harcélement moral".
Comme l’a annoncé son avocat, Maître Weil, l’ex-PDG de France Télécom de 2005 à 2010, Didier Lombard, a été mis en examen, accusé de faits de "harcélement moral". Cela se profile aussi pour l’ex numéro 2 du groupe, Louis-Pierre Wenes, ainsi que pour l’ex directeur des ressources humaines, Olivier Barberot, qui auront à être entendus par la justice. Le principal protagoniste a contre-attaqué par le biais d’une tribune dans le quotidien Le Monde, où il affirme qu’à "aucun moment, les plans conçus et mis en œuvre par France Télécom n’ont été dirigés contre les salariés".
La cause principale des maux qui ont traversé l’entreprise tient dans le plan mis en place par Lombard et ses affidés, "Next". Il consistait à la suppression de 22 000 emplois, tous par le biais de départs "volontaires". Pour le reste, cela tenait à une réorganisation de l’entreprise, avec le redéploiement de personnels vers les métiers de l’Internet et de la téléphonie mobile, ainsi que des mutations géographiques. Un plan qui était justifié par la dette abyssale du groupe à la date de prise de pouvoir de Lombard : 72 milliards d’euros. Mais, ces bouleversements provoquèrent un fort malaise social au sein de l’entreprise, et furent plus ou moins directement à l’origine d’une quarantaine de suicides sur la période 2008-2010.
Sentant la situation se détériorer, le syndicat SUD-PTT déposa une plainte contre la direction pour harcélement moral fin 2009, ce qui déclencha l’ouverture d’une information judiciaire en avril 2010. L’un des éléments clés de ce dossier fût le rapport accablant de l’inspection du Travail sur les méthodes de management au sein de France Télécom, remis en février 2010. Un rapport indiquant que les 3 principaux dirigeants du groupe, en mettant en place le plan "Next" concourraient à la "mise en danger d’autrui du fait de la mise en œuvre d’organisations du travail de nature à porter des atteintes graves à la santé des travailleurs" tout en dénoncant des "méthodes de gestion caractérisant le harcèlement moral".
Cet épilogue réjouit les syndicats (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO), qui s’étaient portés parties civiles. Malgré tout, ils regrettent que la qualification de "mise en danger d’autrui" n’ait pas été retenu. En effet, les syndicats affirment, notamment par la voix de l’avocat Jean-Paul Tessonnière, que les faits reprochés aux ex-dirigeants relèvent de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Maintenant, les conditions sont réunies pour que la justice détermine les responsabilités dans la vague de suicides qui a frappé France Télécom entre 2008 et 2010. La bataille judiciaire promet d’être féroce… et longue !
Sources : Libération, Le Figaro.