Loin de moi l’idée d’écrire un article polémique sur les conditions de vie des détenus dans les prisons françaises. Je suis de ceux et celles qui pensent avec conviction et principe que la privation de liberté est la peine, et donc que rajouter à cela des conditions de vies déplorables est condamnable.
Le questionnement de mon article du jour n’est pas là. Il est plutôt de parler de la crise touchant de plein fouet une partie de la population, la plus défavorisée bien sûr.
Vous serez d’accord avec moi pour dire que l’idée générale est que les familles des prisonniers envoient des colis avec des biens de premières nécessités. On a tous en tête l’expression « amener des oranges » à celui qui est derrière les barreaux.
Et bien détrompons nous… Depuis peu, aussi invraisemblable que celui puisse paraitre, c’est la tendance inverse qui se réalise.
Je m’explique. Les prisonniers envoient à leur famille des produits qu’ils peuvent acheter en prison, à des prix plus qu’avantageux.
Par exemple, le pot de Nutella est passé de 3,13 € (prix public) à 1,11 € en prison. Le paquet de riz de 500 g de 2,70 € à 0,36 €. Le pot de confiture de fraise de 450 g est descendu de 1,45 € à 0,67 €, et la Ricoré, produit très apprécié, a diminué de 4,82 € à 3,45 €.
Cette grosse diminution des prix dans les commerces de proximité en prison (appelé les cantines), est due à une réaction de la Cour des Comptes concrétisée dans un texte qui unifie à l’échelle nationale le prix de produits vendus aux détenus. En juillet 2010, la Cour des comptes avait en effet épinglé l’Etat, dénonçant, au chapitre des conditions de vie dans les prisons, les abus de la « cantine », ce magasin où les détenus se procurent de quoi améliorer leur quotidien : café, eau minérale, chocolat, compléments alimentaires, articles d’hygiène… Le rapport pointait des marges sur les produits vendus « d’au moins 22% », avec des écarts de prix de « 50% d’une prison à l’autre ».
Ainsi, les détenus ne sont plus les seuls à profiter de ce grand changement en leur faveur : soucieux pour leur famille, l’envoi de colis se multiplie !
Pourquoi de telles marges sont telles possibles ??
2 versions s’entrechoquent : celle de l’administration, qui explique que l’achat en grande quantité au niveau national permet la négociation et donc une baisse considérable des prix, ainsi que la balance avec d’autres produits qui ne connaissent pas cette marge.
Les syndicats des personnels pénitentiaires n’ont pas la même version. Selon eux, c’est l’état qui paye la différence, et cela couterait 20 million de francs par an….
Quoi qu’il en soit, je constate donc que des personnes en France sont dans de telles conditions financières et sociales difficiles, qu’elles se font nourrir par leur fils, leur père, leur mari emprisonné.
A quand des « cantines » dans certains quartiers paupérisés ??