Alors que l’agence de notation Moody’s s’apprête à dégrader diverses banques britanniques et européennes, mauvaise passe pour les détenteurs de comptes de la Royal Bank of Scotland ou de sa filiale National Westminster (Natwest) partout dans le monde. Ce jour, plus aucune opération en ligne n’était possible. Délicat pour les voyageurs détenteurs de cartes Natwest ou RBS en mal de numéraire où qu’ils se trouvent.
« Amusant ». En Roumanie par exemple, inutile de présenter une carte Natwest à un « hole in the wall » (automate bancaire) de la RBS, la maison-mère : la plupart des distributeurs sont obsolètes.
Du coup, il faut s’adresser à la concurrence, et acquitter jusqu’à trois sterling pounds de frais supplémentaires.
Mais hier, pour tous les clients RBS ou Natwest, c’était pire. Standard saturé par des tas de mécontents, certaines ou d’autres bloqués sur « le continent » ou en Asie, Australie, Amériques, Afrique… et ne pouvant acheter qui, un billet, qui régler une note d’hôtel, de restaurant.
Quand je voyage, je me munis toujours de deux cartes bancaires de deux établissements différents. Bien sûr, en remontant le plafond des retraits, vous croyez qu’une seule carte de débit ou crédit vous suffira. Que nenni.
Prenant mon vol au matin de ma dernière nuitée d’hôtel, impossible de régler avec une carte Banque populaire : l’avant-veille, j’avais fait le plein près de la frontière hongroise et mon numéro de carte s’était retrouvé, à mon insu, du côté de l’Extrême-Orient. Je n’ai pas été débité, mais je n’ai obtenu d’explications qu’à mon retour : ma carte avait été bloquée préventivement, dès la première opération suspecte décelée.
J’ai bien une autre carte bancaire, d’un autre établissement, encore plus vigilant préventivement. Souvent, à mon retour, mon téléphone fixe sonne : « allez vous fréquemment à… », me demande une voix le plus souvent féminine.
Comme me le disait un Napolitain, « si tu n’a pas été volé à Naples, c’est que tu n’es jamais allé à Naples. ». Effectivement, cette seconde carte n’a jamais voulu fonctionner dans un distributeur napolitain. Mais certains distributeurs des pays de l’Est européen sont très certainement aussi sur une liste noire.
Il se peut que deux banques réagissent de la même manière, mais c’est rarissime.
Là, Kora-Lee Holmes, bloquée à Venise, et d’autres clients RBS, Natwest, UlsterBank, en panne de liquide, ou ne pouvant tout simplement régler un fournisseur avec leur carte bancaire, ont submergé d’appels les numéros d’urgence de ces trois banques. Plus rien ne fonctionnaire, panne informatique générale.
De quoi vous inciter à en revenir aux fameux traveller’s checks de l’American Express ou d’autres organismes.
Près de huit millions de Britanniques (et autres) se sont retrouvés dans la panade. Natwest est en général mal représentée à l’étranger, davantage RBS. Au Royaume-Uni, les agences Natwest ont fermé ce soir à 19 heures, bien après l’heure habituelle.
C’est très, très gênant, surtout si vous ratez votre vol retour. La panne a débuté hier dans la soirée. Les pages de commentaires du site de Natwest se sont donc agrémentés de doléances, parfois vertement exprimées. Certaines provenant d’entreprises ne pouvant se faire livrer, d’autres de personnes démunies, vivant « au jour le jour ».
Barclay’s aurait aussi rencontré des difficultés temporaires répétées… Des hackers français, mécontents des propos de David Cameron, le Premier ministre anglais, à l’endroit de la politique du gouvernement d’Ayrault seraient-ils à l’œuvre ?
Quoi qu’il en soit, le système bancaire va mal. Mais à ce point ?
On peut d’ailleurs comprendre que la plupart des employés des agences bancaires n’aient pas accès à de l’argent liquide. Mais imaginez une cyber-attaque de très grande envergure ?
Certains Britanniques se sont même demandés si leurs banques n’étaient pas tombées en faillite. RBS avait dû être secourue par la Bank of England, d’autres établissements aussi, et avant même la décision de Moody’s, une certaine crise de confiance (et même une crise certaine) s’était amplifiée. Heureusement, ce jour, un léger début de panique a été endigué. Mais les perspectives des banques sont un peu partout mauvaises. Elles doivent augmenter leurs fonds propres. Ainsi, en France, la Banque populaire, qui vient de procéder à une augmentation de capital via l’émission, largement souscrite, de parts sociales, lance-t-elle à présent un emprunt à huit ans…
Le renforcement des fonds propres se fait bien sûr aux dépens du crédit aux entreprises et mêmes aux particuliers, ce qui a de profondes répercussions.
Mais, si, en sus, vous vous trouvez fort loin de chez vous, et qu’une panne intervienne, vous vous sentirez subitement fort… grec. Au moins n’aurez-vous que peu de mal à localiser une proche file d’attente menant à une distribution de soupe de plus en plus populaire. Mais à Londres, la plus proche du Square Mile, de la City, celle de la crypte de Saint-Martin’s-in-the-Fields, à Trafalgar Square, a disparu depuis belle lurette… laissant la place à un complexe commercial pour touristes.
Tiens, du coup, et cela n’a que peu à voir, la haute hiérarchie de l’église anglicane a envoyé un sermon aux parlementaires et au 10 Downing Street, signé par trois archevêques. Le Royaume-Uni manque de compréhension pour la crise européenne et, à vouloir trop faire cavalier seul, risque de se retrouver isolé…
Comme un client de Natwest dans le hall de l’aéroport de Venise ?