Blimey, what a pity ! Les gamins des Rosbifs privés de… bangers dans les cantines scolaires. Ces saucisses, comme le haggis est à l’Écosse, les cornish pasties aux Cornouailles, sont un élément aussi distinctifs de l’identité des sujets de Sa Majesté la Reine. Mais, non kosher et total halouf, ces saucisses – qui peuvent être à base aussi de bœuf –, servies avec de la purée de pommes de terre (mash)  baignée de gravy (sauce à l’oignon), emblématiques du pub grub (plats sur le pouce), sont l’objet d’un boycott de proviseurs trop zélés. 

Ni les rabbins, ni les imams britanniques, en tout cas ceux siégeant dans des instances de concertation, n’ont jamais exigé que les bangers soient bannies des cantines des écoles britanniques. De toute façon, pour les plus intransigeants, un environnement qui ne soit pas totalement exempt d’éléments allogènes est à fuir, et leurs enfants fréquentent des écoles strictement confessionnelles. 

Cela étant, le Daily Mail, qui rapporte ce fait de société, est bien en peine d’en préciser la portée.
« Il est considéré que de nombreuses écoles ne servent pas de viande halal ou kosher… », relate l’auteure de l’article, Pamela Owen.
Qui sont donc ces « centaines d’écoliers » privés de porc que mentionne le titre ?

Ce serait en particulier dans le riche Sud-Est que, selon l’un des principaux fournisseurs des cantines.

Ainsi, dans cette région, « près de 20 des 48 écoles desservies » choisissent des plats ne contenant pas de porc. C’est plutôt dans des localités ou des comtés à forte ou très forte proportion d’élèves musulmans que les directions auraient fait ce type de choix.

Finalement, pourquoi pas ? Mais on peut comprendre que la National Pig Association, le syndicat patronal des producteurs britanniques, puisse déplorer que des préparations si typiques de la culture culinaire britannique ne puissent être servies aux élèves dont les parents ne pratiquent pas une religion prescrivant des interdits alimentaires.

En fait, la surproduction de viandes de toutes sortes a des conséquences lourdes, climatiques et globales, mais aussi parfois individuelles. Sur un tout autre plan, les écoles britanniques envisagent de ne plus autoriser la consommation de snacks ou de gâteaux pouvant contenir des cacahouètes, un élève ne les supportant pas pouvant s’en voir proposer en toute bonne amitié ou ignorance de son état.

Peut-être serait-il judicieux de proposer une grande variété alimentaire et notamment des plats végétariens. Et plutôt que de se crisper sur des considérations religieuses ou de dénoncer l’emprise de religions « allogènes », diverses associations confessionnelles et autres gagneraient peut-être à se saisir, plus largement, des dérives du secteur agroalimentaire industriel qui truffe les aliments et les plats préparés de sucre, sel, et autres additifs et adjuvants nocifs à ces doses.

De toute façon, les bangers ne sont plus des bangers… Lors des pénuries d’approvisionnement de la période de la Seconde Guerre mondiale, les saucisses traditionnelles se sont vues ajouter de l’eau dans leur préparation . Fortement chauffées, elles explosaient, d’où leur surnom. Les saucisses actuelles, sauf de mauvaise qualité (la teneur en eau conseillée est inférieure à 2 %, certains fabricants lient encore la mie grillée avec près de 10 % d’eau), ne présentent plus cet inconvénient.

Les meilleures bangers, selon les connaisseurs, contiennent, outre divers condiments, de la mie grillée ou croute de pain (ou biscotte) ou de du biscuit pilé, parfois de petits dés de pomme.

Certains conseillent de les faire mariner préalablement quelques heures ou une nuit au réfrigérateur dans du jus de pomme (avant de faire revenir ou griller).

La cuisson gagne à se faire en deux temps…
D’abord une vingtaine de minutes dans l’eau frissonnante, puis faire revenir à la poêle.  Tout comme pour le boudin blanc de Rethel, un oeuf (dans ce cas, on lui incorporera les condiments et herbes diverses) peut entrer dans la composition. Le veau peut être totalement substitué au porc, mais diverses recettes mélangent ces deux viandes (avec optionnellement, de la dinde, la banger industrielle anglaise devant contenir pas moins de 65 % de viandes selon la National Federation of Meat & Food Traders). La peau, traditionnellement, est issue du mouton mais les saucisses industrielles ont recours au collagène.

Qu’ils s’en voient servis ou non à la cantine, veillons à la qualité des bangers que nous consommons et servons à nos enfants.