Pour l’instant on ne peut avancer avec certitude que c’est la mairie d’Aix en Provence qui a fait capoter l’exposition qui devait avoir lieu l’an prochain pour célébrer le centenaire de l’auteur de l’étranger. Connaissant les positions politiques de madame Maryse Joissains, on peut supposer qu’elle ne fera pas le forcing pour sauver cette manifestation. C’est un euphémisme de dire qu’une partie non négligeable de la population d’Aix ne partage pas tout à fait les idées de Camus sur la guerre d’Algérie.

En mars la mairie avait annulé une manifestation sur le cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie sous prétexte que les évènements étaient encore trop récents dans la mémoire des Aixois. Le cas de l’exposition Camus est plus complexe car il semble qu’il y ait surtout une mésentente entre les différents protagonistes. Que ce soit Catherine Camus, fille du prix Nobel ou Benjamin Stora, le commissaire de l’exposition, chacun porte sa part de responsabilité. 

On peut donc espérer que ce ne soit pas la municipalité qui ait manœuvré pour annuler cette exposition pour des motifs politiques. La première magistrate a pourtant dit : «  Une expo sur Camus ne rentre pas dans la vision que la mairie se fait de l’Algérie. » Cette dame s’étant prononcée pour le rétablissement de la peine de mort, elle se trouve effectivement à des années lumière de l’humaniste antifascisme qu’était Camus. De là à penser qu’elle est plutôt satisfaite de l’échec de cette exposition, il n’y a qu’un pas.

Après la mairie d’Orange qui ne veut pas de concert de rap dans ses murs, trouvant le groupe I AM trop subversif à son goût, il serait navrant de constater une nouvelle censure de la part d’une municipalité. Est-ce le rôle d’une mairie de s’opposer à des évènements culturels ? On sait qu’en accordant des subventions les collectivités locales ont le pouvoir de museler les associations. Les maires ont-ils trop de pouvoir ?