Je vous emmène dans une région hors du temps où la nature s’en donne à coeur joie.

 

 

Il s’agit de Belle-Ile-En-Mer, un environnement exceptionnel au sein de la Bretagne, dans le département du Morbihan.

 

 

L’abbaye maritime de Beauport, la pointe des Poulains, la villégiature de Sarah Bernhardt, le fameux coucher de soleil sur les aiguilles de Port-Coton, voilà tout un patrimoine qui évoque belle-Ile-En-Mer.

 

 

Mais ce n’est pas à propos de ces endroits magiques que je souhaite m’attarder car ce dont je veux vous parler n’est pas un lieu mais une toute autre particularité de Belle-Ile-En-Mer, le pouce-pied, une curieuse spécialité que l’on trouve ici sur les côtes maritimes.

 

 

Le pouce-pied, du nom latin Pollicipes, est un crustacé cirripède des plus primitif.

 

 

Mais pourquoi nomme-t-on cela le pouce-pied ?

Alors la raison est simple !

Lorsque l’on brise en deux parties ce crustacé, la chair est similaire à un talon de pieds, ne cherchez pas plus loin l’évidence !

Le goût de ce crustacé bellilois est très particulier, soit on aime ou soit on n’aime pas.

Mais si mon avis personnel vous intéresse, moi j’adore je le trouve exquis et je suis de toute manière amatrice de fruits de mer.

Je vais tenter de vous le décrire de façon dégustative, déjà la première sensation qui m’a instantanément marquée c’est la forte teneur en iode qu’il détient et ensuite une fois la partie comestible mastiquée, j’ai trouvé le goût unique, entre la délicatesse de la chair du crabe et le moelleux de la chair de la moule.

Je précise bien la partie "comestible", car sachez-le, seule la partie dans le pieds se mange.

Alors un petit conseil pour les débutants, je vais vous éviter de désagréables surprises, lorsque vous vous apprêtez à rompre la membrane écailleuse qui est de surcroît très épaisse, méfiez-vous des projections car le pouce-pied rejette une très grande quantité de liquide, soyez donc souple et vous éviterez les éclaboussures intempestives, j’en ai fais l’expérience au détriment de mon chemisier l’an dernier.

Malgré l’aspect repoussant de ce crustacé à forme phallique qui serait d’ailleurs paraîtrait-il aphrodisiaque, nos voisins de la péninsule Ibérique en raffolent contrairement en France où cela connaît moins de succès.

 

 

Le prix est cependant onéreux et peut être vendu jusqu’à 150 euros le kilos sur nos côtes maritimes, contre de 300 à 400 euros le kilos en Espagne, le pouce-pied devient de plus en plus rare et la pêche de ce crustacé de plus en plus confidentielle, ce qui attire volontier le braconnage et les ventes illégales sur les marchés français, espagnols ou portugais.

Voici une recette traditionnelle :

 

Le pouce-pied à la portugaise ( se dit aussi percebes chez nos voisins portugais )

Ingrédients :

* 1 kilogramme de pouces-pied

* 1 bouquet de laurier

* 2 gousses d’ail

* du piri-piri

* 2 pincées de gros sel

 

Pour commencer, il faut séparer les pouces-pied de leur socle sans les couper trop haut car il ne faut surtout pas percer l’eau iodée car c’est ce qui parfume principalement la chair et en fait son moelleux.

Rincez soigneusement les crustacés avant toute cuisson pour les débarasser de toutes algues ou bout de roches.

Il faut ensuite préparer un court bouillon en ajoutant dans l’eau le bouquet de laurier, les gousses d’ail que vous aurez préalablement pelées, quelques gouttes de piri-piri pour les amateurs de sensations fortes et finissez par le gros sel.

Après avoir porté à ebullition le tout, il faut plonger les pouces-pied deux à trois minutes dans l’eau frémissante mais guère plus sinon la chair ne peut plus se consommer.

 

 

Chaud ou froid, si vous passez par les côtes belliloises, je vous invite à déguster le pouce-pied, vous m’en direz des nouvelles.