L’invalidation de la candidature du frère musulman Kairat-el Chater pour déchéance de droits civiques datant d’une condamnation de l’époque Moubarak a projeté au premier rang son suppléant de dernière minute, Mohammad Morsi. Au terme du premier tour du scrutin présidentiel, ce dernier caracolerait en tête des votes et devrait se retrouver en course les 16 et 17 juin prochain face à son rival Ahmad Chafik, dernier premier ministre du régime déchu. Ancien pilier de la dictature, ce prétendant à l’investiture a pu rebondir une fois levée l’invalidation de sa candidature du fait d’une loi initiée par le parlement islamiste interdisant toute participation aux collaborateurs de l’ère pré-révolution. Le troisième du classement, Hamdeen Sabbaghi, représentant du panarabisme nassérien a recueilli un score qui attise les convoitises des premiers.

Ce résultat vient déjouer les multiples sondages qui avaient désigné comme favoris Amr Moussa, ex ministre des Affaires étrangères, ancien secrétaire général de la ligue arabe et Abdel Moneim Aboul Fouttouh, islamiste indépendant, lesquels s’étaient même affrontés durant un débat télévisé suivi avec ferveur par tous les férus du printemps du Nil !

Avant que ne s’officialisent ces résultats, la guerre des chiffres a éclaté sur fonds de tricheries par rapport à certains décomptes de voix et les mécontents dont le néonassérien, se sont empressés de déposer un recours devant la Commission électorale avant expiration des délais prévue ce dimanche.

Depuis le temps que se succèdent Pharaons, sultans, rois et militaires, mettant sous leur coupe rigide des millions d’âmes condamnées à exécuter moult devoirs sans contrepartie aucune, spoliés qu’ils sont de leurs droits, les espoirs caressés en cette terre, n’ont eu de cesse de grossir à la mesure des frustrations qui sont les leurs.

Mais au lendemain de ce premier tour, les perspectives se rabougrissent comme peau de chagrin, donnant le choix entre la perpétuation de l‘ère bannie ou l’avènement au pouvoir des islamistes déjà forts de leur triomphe aux législatives. Fervents adeptes de la restriction des libertés, les Ikhwan comme leurs adversaires rivalisent aujourd’hui de promesses pour ratisser large et séduire le plus large électorat.

Dans une Egypte exsangue héritée d’une ère de corruption absolue, pour parvenir à mettre en place stabilité, démocratie, le successeur de Hosni Moubarak devra s‘atteler à une tâche des plus rudes !

Aussi devrait-on se féliciter, nous dit-on, du déroulement en toute transparence de cette consultation populaire sans précédent, différente de toutes celles antérieures où les scrutins étaient joués d’avance alors qu’en amont, oeuvraient à plein tube pour séduire ou préserver leurs privilèges, réseaux caritatifs et Conseil suprême de l‘armée !

Pour tous ces révolutionnaires qui ont campé sur la place Tahrir et qui se réveillent avec la gueule de bois, c’est le temps des désillusions. Alors ils ont repris d’assaut l’espace public, avec la volonté de boycotter le second tour et surtout la ferme intention de poursuivre cette lutte de très longue haleine pour laquelle sont tombés tant et tant de martyrs.

Pendant ce temps là, l’ancien raïs, que menace une peine de mort, se morfond dans son hôpital dans l’attente de connaître le sort que lui réservera le tribunal au début du mois prochain.

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