Avez-vous déjà écouté la célèbre chanson « Mon cœur balance» du chanteur sentimental ivoirien Daouda Koné, évoquant son embarras de choix entre Amina et Fanta, l’une gentille et l’autre jolie ?
L’œuvre autobiographique à coloration sentimentale « Les Frasques d’Ebinto[1] », bien que traitant d’un sujet autre que celui du chanteur ivoirien Daouda Koné, ne s’éloigne pas des problèmes d’amour endurés par Ebinto à l’endroit de Muriel, une fille vivant dans une classe sociale supérieure à la sienne.
Ebinto, vivant dans la basse classe, préférait Muriel à Monique. Peut-être parce qu’un chauffeur venait toujours la déposer en voiture à l’école et bien d’autres considérations liées la classe sociale de cette dernière ! Même si ce n’était pas pour ces raisons qu’il aimait Muriel, son cœur l’amenait à se poser de multiples questions sur la possibilité de ce genre d’amour. Alors que Monique, qui était de la même classe sociale que lui, incarnait la bonne femme serviable, gentille et respectueuse qu’il ignorait superbement ! Cela n’allait pas sans avoir des incidences négatives sur la vie scolaire d’Ebinto, qui était, pourtant au début, un élève très studieux !
Le départ de Muriel pour la France amena Ebinto à reconsidérer ses sentiments pour Monique. Avec le temps Monique et Ebinto se rapprochèrent, au grand bonheur de ce dernier, qui très tôt quitta l’école pour la vie active. Bien que son maigre salaire d’ouvrier l’empêchât de s’occuper normalement de Monique, il s’arrangeait en sorte de lui donner le minimum. Il se culpabilisait sans cesse sur la situation précaire dans laquelle il avait mis Monique. Il se disait que s’il n’avait pas écourté ses études, elle aurait mérité mieux que cela. Mais la carotte étant déjà cuite, il lui fallait assumer cette nouvelle responsabilité.
Devant la situation précaire dans laquelle Monique et lui vivaient, et surtout la grossesse de cette dernière qui pouvait lui être néfaste à la longue, ils décidèrent un jour d’emprunter une pinasse pour aller à une autre destination, en dépit du mauvais temps qu’il faisait. C’est au cours de ce voyage tumultueux que Monique trouva la mort, à la suite du chavirement de la pinasse ! Etait-ce le chant du cygne ?
Au-delà de la fin triste de cette œuvre, elle n’en demeure pas moins un chef d’œuvre. Ecrite dans un français limpide, son épaisseur psychologique amène le lecteur à s’interroger sur le paradoxe de la vie et l’éternelle lutte des classes.
Il est à noter qu’au moment où cette œuvre sortait, Amadou Koné, était professeur de Lettres à l’Université Nationale de Côte d’Ivoire. A son actif, il a écrit plusieurs œuvres dont « Jusqu’au seuil de l’irréel » et le « Respect des morts »…
Constant Ory
Ecrivain