Il serait peut-être temps que Come4News remise sa rubrique « Présidentielles 2012 » mais qu’à cela ne tienne, pensons 2017. Jean-Marc Ayrault succèdera-t-il à François Hollande, François Fillon, évinçant Copé (et bien d’autres) l’emportera-t-il aux prochaines élections présidentielles ? En exclusivité, voici les conseils du lectorat de Paris-Match à Ayrault pour s’opposer efficacement à Fillon…

Voici déjà longtemps que Paris-Match a succédé à Jours de France, cohabitant avec Vue & Images du monde dans les salles d’attentes des dentistes et des coiffeurs pour dames les plus onéreux. Le père Dassault sera sans heureux de constater qu’il ne s’est pas démené en vain. Les lecteurs de Paris-Match plébiscitent François Fillon et son « excellence ». Rachida Dati (que l’on suppose devoir aller au cul des vaches pour soutenir le candidat UMP, dans la circonscription sarthoise abandonnée par Fillon) n’était pas de taille… pour l’affronter à Paris.

Selon un sondage en ligne du site de Paris-Match, plus d’un tiers des répondants estiment que Jean-Marc Ayrault « aura du mal à rivaliser avec l’excellence de François Fillon ».
Vraiment ?
Eh si, 36 % considèrent que Jean-Marc Ayrault ne sera pas à la hauteur de son prédécesseur.

 

Alors, quelques conseils à l’ex-maire de Naoned (Nantes) pour plaire au lectorat de Paris-Match

Premier point, bien porter son costume et ramper devant François Hollande, avaler toutes les couleuvres venues de l’Élysée, être le Premier ministre le plus terne de toute la cinquième République, supporter les rebuffades de François Hollande sans ciller et lui cirer publiquement les pompes.

Deuxième : faire preuve d’intérêt pour les bolides de Formule 1, coiffer le casque du pilote, en ne lésinant pas sur la gomina pour les photos de retour au stand. 

Troisième : faute de ne pas avoir déjà un TGV desservant sa ville, trouver un Sablé quelconque (comme Fillon) pour détourner les lignes et en faire un hub ferroviaire. Ensuite, surtout ne pas s’en servir et utiliser aussi souvent que possible les avions du Glam pour faire la navette entre Paris et sa maison de campagne. Au besoin, faire intervenir la chasse pour descendre en flammes un coucou de tourisme qui gêne la vue sur le paysage.

Quatrième : céder La Lanterne, la résidence secondaire de Matignon, à François et Thomas Hollande et consorts pour qu’ils aillent prendre le frais à ceux des contribuables.

Cinquième : faire mousser de potentiels rivaux de la stature d’un Borloo ou d’un Woerth pour ensuite en loucedé leur savonner la planche mais tout en les assurant de votre fervent soutien.

On arrête là ? Les répondants de la consultation Paris-Match sont quand même 4 % qui auraient préféré Martine Aubry à Ayrault. On ne sait trop pourquoi : en espérant qu’elle aurait davantage crispé et le lectorat du magazine et l’électorat dans son ensemble ?

En tout cas, surtout, ne déclarez pas que vous avez trouvé une « France en faillite ». Mesquin !

Si vos prédécesseurs avaient été du même bord que vous, passe encore, comme ce fut le cas pour Fillon. Mais comme vous succédez à François Fillon, on y verrait de la rancunière mauvaise foi…

Le médialogue retiendra la folle audace de la rédaction en chef de Paris-Match qui, on le sait, selon l’UMP, aura tout fait pour descendre Nicolas Sarkozy, le traîner dans la boue, le rendre responsable de tous les maux, et tente de se racheter en servant la soupe de Fillon. C’est du moins ce qu’on a entendu de la presse, presque tous titres confondus dans la même opprobre dans les meetings du candidat Sarkozy…

Même en plaçant une telle question en dernière position de l’interface du sondage, c’est quand même induire quelque peu la réponse…
Bah, tout cela n’est pas grave. En plaçant un sujet sur Valérie Trierweiler, ex-collaboratrice, bien en vue en page d’accueil, on ménage le chevreau et la choute.

Autre titre du même groupe, Le Journal du dimanche met davantage en valeur le gouvernement primeur mais donne une bonne place à un entretien avec Bernard Debré, député parisien sortant, qui considère que Rachida Dati « ne faisait pas le poids face à François Fillon… ».
Avec trois questions sur cinq sur Fillon, Debré fait figure de faire valoir.

 

Bah, quoi que fasse la presse, qu’elle soit connotée gauche, droite, centre gauche ou centre droit, il est de bon ton de prêter des intentions aux rédactions, oubliant souvent qu’elles reflètent plus ou moins la position de leurs employeurs, avec quand même une assez large marge de latitude. Lesquels employeurs voient surtout ce qui convient à leurs affaires et ont une toute autre appréciation de ce qui favorise leur pognon que ce qu’estiment les politiques (ainsi pour FOG, du Point, dont Sarkozy a plusieurs demandé la tête, en vain.).

 

Avant de se remettre à supputer ce qui agite les rédactions près de la machine à café, en marge de la fameuse conférence de rédaction, on lira avec intérêt les Derniers carnets, scène de la vie politique en 2012, du même Franz-Olivier Giesbert (Flammarion). Finalement, journaliste, cela reste un métier de saltimbanque. Ce qu’en font les lecteurs et électeurs, c’est souvent tout autre chose.

Pour Fillon, j’avance un pronostic. Le but n’est pas tant de l’avantager face à Copé mais de le caresser assez dans le sens du poil pour qu’il se « lâche » et nous redonne du Sarkozy, sinon dans le texte, mais qu’au moins il le campe à travers des anecdotes inédites (et si possible vachardes). Eh oui, le président et le gouvernement normaux lassent déjà un peu. Comme on ne peut plus trop compter sur le prédécesseur et sa Carlita pour remplir les colonnes avant environ un mois, il faut bien meubler.

N’empêche, l’appréciation du visitorat du site Paris-Match sur Fillon m’a quelque peu décontenancé. J’aurais plutôt écrit en marge de son bulletin : « élève assidu et studieux, pourra peut-être mieux faire… ». Mais quant à lui décerner un prix d’excellence… Ce qui prouve une fois de plus que la décimologie (la notation) est une technique toujours fumeuse, encore fort éloignée d’une science. Alors, la médialogie (surtout, comme ici, sauvage), pensez donc !

Faire jaser…

Une porte partie du métier consiste à traiter du futile qui fait causer dans les chaumières et au zinc au moment de l’apéro. Tenez, qui se souvient de l’Association des femmes journalistes (dont j’avais salué la création, naguère, au siècle dernier) ?

Isabelle Germain, ancienne présidente, sur son site Les Nouvelles News, s’offusque presque de ce qu’une photo regroupant les ministres femmes posant autour de Hollande et d’Ayrault ait été prise et diffusée. D’abord, elle n’a pas tout faux…
Pour la parité, faire poser les ministres masculins autour de la Première dame et de madame Ayrault aurait été fort bienvenue. Ensuite, allez savoir si ce n’est pas une rédactrice d’une agence ou d’un titre quelconque qui l’a suggérée, ou certaines des ministres, se trouvant un peu noyées dans la masse auprès de leurs confrères masculins ? 

C’est une fait une très bonne initiative qui permettra à la Morano de considérer que certaines ministres ne sont pas du tout à la hauteur, car elles plissent les yeux, ne fixent pas l’objectif, ou qu’un jean plisse aux genoux. Autant de bénef pour les gazettes.

Mais c’est fondamentalement vrai. Pourquoi pas aussi une autre avec les ministres issu·e·s de la diversité (ce que relève aussi I. Germain), celles et ceux de Bretagne, du Grand Ouest, du Nord, du Sud, de l’Est, histoire de relever que les Alsaciens ou Alsaciennes ne sont pas légion ? Je ne sais plus si, au Front national, il existe une découpe de Marine Le Pen passant son bras de carton sous les épaules des candidates et candidats, mais Hollande et Ayrault auraient pu y songer. Et puis, le changement dès maintenant et la pose en rangs d’oignons, c’est dépassé. Une photo style « danse des canards » aurait été un tout autre symbole !

 

« Mon seul moment de mauvaise humeur de la journée a été cette photo, » rapporte I. Germain de la confidence d’une ministre. Un nom, vite, un nom ! Mais que voulez-vous, avant que le lectorat s’impose un devoir d’indifférence à l’endroit des personnalités diverses, il faut bien suivre…

P.-S. – j’attends avec impatience les rencontres Jean-Luc Mélenchon contre Marine Le Pen. Si nous les qualifions de « viriles », Les Nouvelles News nous offrirons peut-être l’occasion d’un nouveau billet. Mais ce n’est pas si anodin. Vous vous imaginez un chroniqueur demandant à Méluche de nous parler de sa part de féminité ? Tiens, pour un peu, je m’y risquerais.