J’ai longtemps hésité avant de vous envoyer cette lettre solennelle. Chaque jour, un combat âpre se faisait entre vous le dire et ne pas vous le dire. J’en souffrais terriblement dans mon corps, dans mon âme, les journaux et les télévisions devenant une phobie pour moi, car refusant de voir toutes ces atrocités autour de moi : des personnes innocentes tombées sous vos balles assassines, à la merci des chiens, des charognards et des trafiquants d’organes humains. Méconnaissant superbement la vie sociale de vos concitoyens, vous préférez marcher sur des tapis rouges, entourés de vos sentinelles à la gâchette  facile, au lieu de vous tourner un  instant sur le bien-être de vos populations. Avez-vous exploré un instant, un seul instant votre for intérieur pour constater que vous vous êtes trompé sur votre ambition originelle quant à la conduite de vos populations vers des lendemains meilleurs où le droit, l’économie, le social doivent être en équilibre sur une balance ?

Aux Présidents Européens,

         Un jour, vous avez décidé de mettre vos forces ensemble pour créer  une monnaie forte que l’on appelle l’Euro. Cela a été applaudi de par le monde, car obéissant à  l’adage populaire « L’union fait la force »… Une autre fois, cette union s’est greffée à une coalition pour combattre contre un pays plus faible tel que la Lybie jusqu’à rayer son Président de la terre, en tuant au passage une masse importante d’hommes, pour des raisons que vous seuls savez qui n’ont rien à voir avec ce qui est diffusé sur les masses-médias. Si, vous saviez la densité du mal que vous faisiez à vos populations en agissant de la sorte, vous  auriez plutôt opté pour une coopération plus intelligente avec ces pays subitement « ennemis » ! Avec la technologie assez développée de vos nations et leurs expériences politiques de plusieurs siècles, qu’est-ce qui aurait constitué un obstacle insurmontable pour vous ? Notez dès maintenant que « c’est ce  qu’on sème qu’on récolte » et que le bien-être futur de vos populations dépendra de ce que vous aurez semé aujourd’hui…

         Aux Présidents des Etats-Unis d’Amérique,

         Tout le monde sait que vous êtes une superpuissance. Depuis la nuit des temps, votre habit a cette coloration. Si vous continuez à être les gendarmes de la terre, en vous attaquant aux pays les plus faibles, foulant au pied la charte de l’ONU, vous n’êtes pas loin des catastrophes plus terribles que ce qui s’est passé sur vos tours jumelles. Une puissance qui ne prend pas en compte le respect de la loi universelle des droits de l’homme, n’en est pas une, empruntant sans le savoir le chemin inverse menant à la banqueroute économique, industrielle que technologique, quand viendront les futurs chamboulements ! Les Présidents des Etats-Unis d’aujourd’hui et de demain doivent s’inspirer des forces et faiblesses de leurs prédécesseurs pour maintenir toujours leur place de leader dans le concert des nations les plus puissantes du monde dans le futur.

         Aux Présidents d’Asie,

         Vous avez montré aux yeux du monde que, malgré les massacres d’Hiroshima et autres pendant la deuxième guerre mondiale, vous avez su relever vos nations à force de travail, de persévérance et d’amour, au piédestal des superpuissances de notre ère ! Mais attention à la folie des grandeurs ! Gardez toujours votre humilité et votre esprit de discernement en toute situation et aucun vent extérieur ne vous surprendra.

         Aux Présidents d’Afrique,

         L’Afrique noire est-elle mal partie, comme le disait René Dumont ? Vous qui êtes nos leaders d’aujourd’hui et de demain devriez démentir cela en rompant avec les habitudes anciennes de vos prédécesseurs, en vous inspirant de l’expérience de la Chine et du Japon. Contrairement à ces pays, vos pays ont un sous-sol très riche. Au lieu de faire massacrer sans cesse vos différentes forêts par les exploitants forestiers ou d’être les postes récepteurs des pays étrangers, vous devez plutôt encourager vos concitoyens au travail bien fait, en les sensibilisant davantage sur l’initiative privée, et la valeur de chaque métier pour celui qui l’exerce, en ne cassant pas d’une manière barbare les installations de ceux qui y sont déjà, à moins que vous ne les dédommagiez ! C’est la seule condition pour que ces derniers tournent le dos à jamais aux fusils et ne voient à la politique que leur seul avenir, car ayant une activité à faire et pour laquelle est rattaché tout leur amour. C’est comme cela que vous deviez voir la nouvelle Afrique, loin des guerres artificielles fabriquées de toutes pièces dans vos laboratoires souterrains.

         Au seuil de cette lettre que voici, ma joie est telle que je me suis libéré d’un fardeau qui depuis longtemps me torturait la mémoire et qui, j’en suis sûr et certain,  sera lue de tous par la magie  de l’Internet.

Constant Ory

                                                                                                                                 Ecrivain.