Alain Juppé renonce. Celui qui est encore pour quelques jours ministre des Affaires étrangères ne sera pas candidat dans la deuxième circonscription de Bordeaux pour les élections législatives de juin. Il a annoncé sa décision à Bordeaux, au lendemain de la défaite de Nicolas Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle.
Raison officielle : Juppé souhaite se consacrer à sa tâche de maire de Bordeaux et préparer les municipales de 2014. "Nous devons nous mettre en position de reconquête partout sur le terrain. C’est à ce travail que j’ai décidé de me consacrer pleinement", a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse. Autre explication donnée : le refus de cumuler plusieurs fonctions publiques. "Nos concitoyens comprennent de moins en moins les cumuls de mandat", a-t-il dit.
En réalité, la décision d’Alain Juppé semble fortement influencée par le score obtenu par François Hollande à Bordeaux dimanche. Le candidat socialiste est arrivé largement en tête avec plus de 57% des suffrages, améliorant significativement le score réalisé par Ségolène Royal en 2007 (52,4%). Dans la deuxième circonscription, celle dans laquelle Juppé devait se présenter, les chiffres sont encore plus favorables à la gauche : François Hollande l’a emporté avec 59% des voix.
Pourtant, jusqu’à récemment, la candidature d’Alain Juppé semblait acquise. Sa motivation était de laver "l’affront de 2007". Il y a cinq ans, dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy, Juppé avait été battu dans son fief par la socialiste Michèle Delaunay. Cette défait l’avait forcé à quitter le ministère de l’Ecologie, auquel Nicolas Sarkozy venait de le nommer.
Nul doute qu’en reculant face à une nouvelle humiliation annoncée, Alain Juppé souhaite préserver son aura politique en vue d’échéances à plus long terme. Comme les municipales de 2014, mais aussi et surtout les primaires de l’UMP en vue de la présidentielle de 2017, qu’il a appelées de ses voeux lundi matin. "Je peux avoir un rôle d’expérience compte tenu de ce qu’a été ma vie politique", a-t-il ajouté. A 66 ans, Juppé n’a pas dit son dernier mot.