Ce matin, le printemps est enfin là. Mes fraisiers sont en fleurs, mon rhododendron également et mon bananier prospère : je l’ai changé d’habitat hier. Et, en même temps, la presse m’apprend que M. Sarkozy, candidat à sa propre succession (il a tous les culots, ce qui est bien le pire), vient d’être rattrapé par un écolo de choc – qui, naguère, fit tomber Carignon. Ce maire honoraire de Grenoble a réussi à obtenir de l’Elysée, suite à une procédure engagée devant le tribunal administratif, le détail de centaines de sondages effectués entre 2007 et 2009 à la demande du Président de la république.
D’après les services de l’Elysée, ces sondages auraient coûté plus de six millions d’euro, dans des conditions extravagantes qui violent toutes les règles qui concernent les marchés publics. Le détail des questions posées laisse pantois le simple citoyen que je suis. Y a des trucs du genre : « que pensez-vous de la relation entre NS et Carla Bruni ? », des études, sic, du marché électoral pour tel ou tel candidat aux élections intermédiaires.
D’après l’accusateur, qui se propose d’ailleurs de porter plainte au pénal dès le lundi 7 mai si M. Sarkozy est battu, il n’est même pas certain que ces enquêtes d’opinion aient réellement été effectués. Les recherches policières le diront. Si c’est le cas, cela signifierait sans doute que le locataire de l’Elysée a passé commande de besognes fictives à des copains pour mettre un zeste de beurre dans leurs épinards.
Cette affaire n’est qu’un hors d’oeuvre. Car il y a l’histoire, ou plutôt, les histoires Khadafi. Certes, pour ce qui concerne un éventuel don de 50 millions d’euro envisagé fin 2006 par le dictateur lybien, M. Sarkozy a porté plainte contre Mediapart, qui a révélé l’affaire. Cette contre-attaque judiciaire semble surtout destinée à brouiller les cartes avant le deuxième tour de la présidentielle. De deux choses l’une : ou le sortant est réélu et on devine comment s’achèvera la procédure, vu l’extraordinaire gentillesse de certains procureurs à l’égard de M. Sarkozy, ou il est battu, mais son offensive judiciaire contre Médiapart retardera d’autant toutes poursuites qui pourraient être engagées contre lui pour cette affaire. L’autre histoire concerne la promesse qu’aurait fait NS à Khadafi de lui fournir une centrale nucléaire, tout en passant outre à l’engagement de non-dissémination signé jadis par la France. Il s’agirait, toujours au conditionnel, d’un deal à propos de la libération du médecin et des infirmières bulgares. Ces choses n’étant pas d’une aveuglante clarté, souhaitons qu’une enquête soit diligentée, toujours dans le cas où le sortant serait sorti dimanche prochain.
S’il ne l’est pas, notre malheureux pays va encore supporter ce dangereux guignol durant cinq ans. Nous autres, les vieux, y compris les vieux cons qui ont voté pour lui le 22 avril et voteron encore NS le six mais, nous allons payer, en crevant de faim et de maladie, pour tous ceux qui vivent à nos crochets depuis des décennies.
C’est pour cela que je vous conjure, lecteurs de C4N, d’aller voter Hollande le 6 mai. C’est notre seule chance d’en finir avec le sarkozysme. Si nous gagnons, nous gagnerons aussi les législatives et le nombre probable d’élus de la gauche radicale empêchera le gouvernement nommé par Hollande après juin de trop gouverner au centre gauche, du fait des sirènes centristes !!!
J’espère, par ailleurs, que Bayrou va, une fois encore, ménager la chèvre Sarkozy et le chou Hollande. Même une partie des cadres de son parti ne le suivent pas sur ce terrain et appellent à choisir François plutôt que Nicolas. Je sais que Mme Le Pen n’est pas propriétaire de ses voix, mais si elle appelle ses 17,8 ou 9 % d’électeurs (soit plus de six millions) à s’abstenir ou à voter blanc, il est possible que la haine qu’inspire Sarkozy à ses gens (y compris, au moins pour une partie d’entre eux, ceux qui ont voté pour lui en 2007) les pousse à suivre son conseil. Je vais suivre ça cet après-midi.
Comme je suivrai demain soir, avec quelque inquiétude, le « débat » entre Hollande et Sarkozy. Les sondages nous affirment que cela ne jouera pas sur le résultat final. Qu’en savent-ils ? Compte tenu de sa nature plébiscitaire (encore une fois, merde à De Gaulle qui a inventé ce piège à cons), l’élection du président au suffrage universel est rebelle aux sondages : que faire d’un échantillon même représentatif d’un petit millier de personnes, alors qu’on compte dans les 35 millions de votants, si les chiffres de l’abstention sont du même ordre que le 22 avril.
Bref, les six jours qui nous séparent du verdict vont paraître fort longs.
Espérons tout de même : il paraît que cela fait vivre !
François Lourbet
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La sincérité et l’authenticité avec laquelle vous écrivez cet article me plaisent beaucoup! Merci a vous !