Les momies restent, à nos yeux, le symbole incontournable de l’Egypte ancienne. Malgré tout, seule une faible proportion d’Égyptiens bénéficiaient de ce rituel après leur mort. Qui plus est, la technique de momification a longtemps tâtonné avant de donner les résultats admirables que nous lui connaissons aujourd’hui.
Nous pouvons aisément qualifier la momification d’art secret.
Les plus anciennes tombes d’Egypte datent du Vème millénaire avant J.-C. Elles ressemblaient alors à de simples fosses ovales ou rectangulaires, creusées à même le sol sableux. Elles abritaient un ou plusieurs corps enveloppés dans des peaux ou de la vannerie.
Vers 4500 ans avant notre ère, nous pouvons remarquer l’apparition d’objets déposés dans les sépultures. Ainsi, ces poteries, silex, parures ou nécessaire de toilette, attestent l’émergence de croyances funéraires.
Peu à peu, la tombe se complexifie. Ses parois internes sont renforcées par un parement en briques crues. L’usage de cercueils en bois, en terre, ou en osier commence à se répandre. Malgré cela, les corps ne présentent aucun signe de manipulations particulières. Seul le sable du désert (grâce à ses propriétés desséchantes) est à même de les conserver. Les résultats n’en sont pas moins spectaculaires. Ainsi, le corps du célèbre "Ginger", homme décédé vers 3200 avant J.-C. et conservé au British Museum, a pu garder un volume presque normal, ainsi que ses cheveux, ses ongles et sa peau.
L’idée de garder ainsi en état les corps serait peut-être née de l’observation de ces momies naturelles.
Quoi qu’il en soit, les Égyptiens n’ont pas atteint tout de suite des résultats probants. Le rôle important du sable semble leur avoir échappé puisque, au début du IIIème millénaire, les tombes se complexifient davantage, avec une fosse entièrement maçonnée puis recouverte de bois ou de briques (le résultat final est appelé mastaba). La dépouille s’y trouve de ce fait totalement isolée du sable.
Les corps sont déposés dans des sarcophages et, avant cela, emmaillotés dans des bandelettes imprégnées de résine, dont le rôle est de conserver, tel un moule, les formes du corps. Mais la dépouille n’étant plus en contact avec le sable, le processus de décomposition s’est enclenché. Ainsi, jusqu’à la fin du IIIème millénaire, seuls quelques moules en creux de corps sont retrouvés.
C’est sous la IVème dynastie que de grands progrès voient le jour. En effet, la momie d’Hetepherès, mère du célèbre Khéops, présente des marques d’éviscérations abdominales. Son mobilier funéraire contient d’ailleurs un coffre à quatre compartiments, ancêtres des vases canopes, dans lesquels sont conservés les restes de viscères, enveloppés dans du lin enduit de natron.
Sous le Moyen Empire, la qualité de la momification s’améliore encore. L’éviscération devient quasiment systématique, et l’on emploie le natron afin de déshydrater l’ensemble des tissus humains. Le rituel reste toutefois réservé à la haute société, et le petit peuple, quant à lui, est toujours enseveli dans des trous. En témoigne la découverte d’une soixantaine d’archers, vraisemblablement morts au combat, simplement enveloppés de tissu et enterrés dans le sable.