Quand le présent voit se rejoindre deux histoires parallèles: Aubrac et Ben Bella

Ils sont morts le même jour. Ils avaient quasiment le même âge. Ils avaient le même idéal.

La presse française du jour chante, à juste titre, les louanges du grand résistant que fut Raymond Aubrac et rappelle le rôle qu’il a tenu dans la résistance à l’occupant allemand et dans le combat pour la libération de son pays.

La même presse française consacre quelques articles à Ahmed Ben Bella, sans faire l’éloge du grand résistant qu’il fut, sans beaucoup insister sur le rôle qu’il a tenu dans la résistance à l’occupant français et dans le combat pour la libération de son pays.

Ils sont morts le même jour. Ils avaient quasiment le même âge. Ils avaient le même idéal.

Ils furent, l’un comme l’autre, de la même façon, résistants et combattants de l’indépendance et de la liberté.

Il convient de leur rendre un égal hommage, n’en déplaise à ceux qui ne manqueront pas de dire: "Ce n’est pas la même chose! Ben Bella était un rebelle, un fellaga, un terroriste, un empêcheur d’exploiter en rond notre belle colonie…"

Pourtant, c’est bien "la même chose".

Pour les Allemands,  Aubrac était un rebelle, un terroriste, un empêcheur d’occuper et de piller en rond notre belle France.

Ils sont morts le même jour. Ils avaient quasiment le même âge. Ils avaient le même idéal.

Les résistants des uns seront toujours les terroristes des autres.

La France de Vichy pourchassait les "terroristes" français, Aubrac et ses compagnons. La France d’après la guerre pourchassait les "terroristes" algériens, Ben Bella et ses compagnons. La France d’aujourd’hui aura-t-elle la décence d’associer dans un même hommage Aubrac et Ben Bella, tous deux compagnons de la libération traqués à dix années d’intervalle par les autorités du "pays" des droits de l’Homme"?

 

Patryck Froissart, St Paul, le 12 avril 2012