Kim Thuy est ce qu’on pourrait appeler une survivante. Elle n’avait qu’une dizaine d’années lorsqu’elle a dû s’embarquer avec sa famille dans un périple dangereux et incertain. Entassés comme du bétail dans un petit navire crasseux et vétuste, ils ont dû survivre et se raccrocher au mince espoir qu’on les sorte de cet enfer. Le périple est long et laborieux et Kim Thuy va nous le raconter avec des mots simples et percutants.

Très courageuse, elle a gardé cette incroyable force de caractère qui l’a poussé à se relever de ce moment tragique de sa vie. Comment ne pas être traumatisé après une telle enfance ? Ru en vietnamien veut dire berceuses… Grâce à celles murmurées par sa mère, Thuy a su tenir le cap. Et pourtant, au Vietnam, elle avait une belle vie avec des parents aimants et aisés mais voilà… ils ont peur du communisme qui monte en flèche. Alors, il faut fuir… quitte à y laisser sa peau dans l’eau glaciale de l’exil.

Le récit est dense et intense. Malgré le fait qu’il relate un épisode particulièrement sombre de la vie de Kim Thuy, elle ne s’y attarde pas outre mesure. A travers ses mots, nous sentons une certaine légèreté et une irrépressible joie de vivre qui est assez déconcertante. Car, malgré toutes ses épreuves, la jeune femme a su se reconstruire. Elle coule maintenant des jours heureux et sereins au Québec avec toute sa petite famille.

Il lui a fallu beaucoup d’années avant de coucher sur le papier tout ce qui s’était passé dans son existence. En lisant sa prose, on a l’impression que c’est une sorte de thérapie ou de délivrance pour l’auteure. 

Ce livre autobiographique m’a plongée dans une existence riche et cabossée à la fois. 

Partagée entre la culture québécoise et vietnamienne, Kim Thuy a su rester simple et neutre. Au jour d’aujourd’hui, elle aime d’un même amour inconditionnel ces deux pays qui ont tellement compté pour elle.