En feuilletant la presse étrangère, un article a suscité mon intérêt. Des lignes parlant de la commercialisation des vestiges antiques de la Grèce Ancienne, du temps de sa splendeur de jadis, une époque où elle était le berceau de la démocratie et une véritable source d’inspiration et de modernité chic dans le monde entier. Toutefois le monde, tel qu’on le connaissait à l’époque ne dépassait pas la région méditerranéenne et ses quelques arpents de terres intérieures.
La Grèce, plongée dans une crise économique à qui elle a elle-même ouvert la porte en pratiquant des manœuvres pas très nette et en ne taxant pas le clergé ni les armateurs, pourtant les plus grosses fortunes du pays, se prostitue en exploitant ses lieux historiques au profit de l’argent. Le Parthénon, monument historique dédié à Athéna, la déesse poliade, en rénovation depuis des dizaines d’années, est, lui aussi, touché par cette vague mercantiliste. Elle fait de ses sites historiques, des éléments commerciaux, de nouvelles mannes financières et des éléments pour sortir la tête hors de l’eau.
Ainsi contre quelques biffetons, l’Acropole d’Athènes, l’endroit même où la Démocratie telle qu’on la conçoit est née, se transforme en plateau de cinéma, des films d’actions se réalisent et des vulgaires spots publicitaires vantant les mérites de tel ou tel produit s’y tournent également. L’Agora, la place centrale de la capitale, où l’Ecclesia se réunissait pour voter le budget, la paix, la guerre ou l’ostracisme d’un des leurs, accueille dorénavant des défilés de mode et des mannequins anorexiques aussi souriants qu’un clown triste. Le Cimetière de Céramique, le quartier des potiers antiques, est devenu le lieu de tournage de films promotionnels au goût douteux mettant en scène des érotomanes s’aspergeant de parfum.
Ce marchandage culturel n’est pas nouveau. Déjà lors des JO de 2004, se déroulant en Grèce, des sites historiques, tels que Marathon, ont souffert en recevant des infrastructures pour que des épreuves puissent s’y dérouler. Le tout, dénaturé, par des reproductions en plastique ou en carton à la ressemblance discutable et, par conséquent, faussement trompeur. Une forme d’humiliation rabaissant le prestige de ces sites chargés d’histoires.
L’élément déclencheur de tout ce ramdam se situe à la fin des années 1970, dans le nord du pays, quand des archéologues ont mis la main sur la tombe de Philippe II de Macédoine, le célèbre roi, père d’Alexandre le Grand. Les cendres du monarque sont emmaillotées dans un tissu doré et tout autour, des objets divers et variés en or et en argent. Un véritable trésor historique. Quand des promoteurs ont eu vent de cette découverte, dans leur cerveau avide de profit, cela a rimé à : développer le site pour faire venir des touristes. Des visiteurs, en majorité, sans once de connaissance sur ce qu’ils voient mais ravis d’avoir été dans un endroit devenu un « must be ».
Le phénomène a fait des petits, avec l’appui du gouvernement, les concessions se sont multipliées et les monuments hellènes se sont vendus aux plus offrants. Des sites comme Delphes ou Cnossos sont devenus la proie de touristes peu soucieux du respect nécessaire à avoir envers ces endroits. Ils ont traversé les siècles, les années les ont légèrement érodés mais en seulement quelques années, ils ont été sévèrement détériorés.
Mais la Grèce n’est pas la seule à voir céder à la facilité, l’Italie est aussi a blâmé pour avoir marchandé et négligé son glorieux passé. Alors que Berlusconi préférait passer du temps avec des mineures à faire des choses peu reluisantes, les budgets alloués à la Culture et la rénovation de monuments n’étaient pas votés. Pompei, le Colisée ou encore d’anciennes demeures de sénateurs en ont payé les conséquences avec leurs pierres se détachant progressivement.
La Culture n’est pas un marché et pourtant ses lois s’y appliquent, d’autres pays ont succombés à ce phénomène, l’Autriche, la France ou encore l’Allemagne. Partons sur une note positive, cela permet à certains monuments en ruine, de connaitre une nouvelle vie, de redonner à ces châteaux, palais, musées, places, cirques, odéons, etc. une nouvelle fonction et de faire revenir de la vie là où elle s’était arrêtée.