Il y en a marre des vampires androgynes au teint blafard honteusement exploité par des écrivains mormons pour nourrir leur roman à l’eau de rose. J’en suis sûr, je ne vais pas me faire des amis avec cet article. Twilight de Stephenie Meyer est un véritable pieu en argent enfoncé dans le cœur même de ce qu’est le vampire. Elle a malheureusement donné à ce monstre une image d’amant transi très éloignée de celle , plus traditionnelle, du buveur de sang . Par ces quelques lignes, essayons de redorer son blason.

 

Qui est-il ? Le vampire est une créature imaginaire, un mort vivant, mais attention, pas un zombie avançant au rythme d’un escargot et vêtu de haillons. Son appétit du sang est vital, sans le sang, il ne peut mourir mais souffre d’une faim ardente. On peut le considérer comme un animal nocturne jouant les sangsues grâce à ses crocs, transperçant la carotide de ses victimes alors endormies. Le personnage tel qu’on le conçoit, de nos jours, sophistiqué, éloquent, vêtu d’une cape au col relevé avec des cheveux plaqués en arrière, un vrai look de gentleman anglais, nous vient du roman The Vampyre de John Polidori, publié en 1819. Une image renforcée par le Draculade Bram Stocker sortit dans les librairies victoriennes en 1897.

 

Le mythe du vampire est présent dans de nombreuses cultures. Déjà chez les indiens de l’ancien temps, on raconte que la déesse Kâlî, s’abreuvait de liquide rouge, mais pas de vin. Chez les phéniciens, le dieu Baal se régalait de petits enfants, dévorant leur chair en sirotant leur sang. Chez les romains, la goule nécrophage Lamia, se nourrissait de fœtus et était considérée comme un vampire, de plus maintes civilisations à travers le temps et l’espace associent le sang à la valeur guerrière, s’en alimenter est une façon d’acquérir la bravoure du vaincu.

 

Au Moyen Age, on  associe le vampirisme à des maladies comme le choléra ou à la tuberculose. Les superstitions jouent un rôle prépondérant, ainsi un simple étranger avec une dentition particulière, métallisée par exemple,  pouvait être soupçonné d’être un vampire. On note une abondance de récits narrant des faits où interviennent des "monstres" mastiquant des tissus tâchés de sang. Dans les régions recluses d’Europe de l’est, ceux qui ont le malheur d’être soupçonnés d’avoir un penchant un peu trop prononcé pour le sang, ou les excréments humains, sont lynchés et enterrés vivants. On reconnaissait, soi-disant, les zones à vampires quand des séries de meurtres inexpliquées se produisaient, en effet, il se renforce en tuant.

 

D’où vient le terme de « vampire » ? En Europe,  dans les années 1720, dans la région des Balkans, on entend les premières traces de ce terme. Il définit un mort revenant parmi les vivants pour hanter les gens qu’il aimait afin de les emmener dans l’au-delà pour lui tenir compagnie. Dans la langue anglaise, il faut remonter à 1734, pour lire le mot de vampire, écrit dans un journal retraçant le voyage de 3 gentlemen dans la partie orientale de l’Europe. Cependant des origines lexicales beaucoup plus anciennes venant des steppes arides de Russie.

 

Comment devient-on vampire ? Chez les slaves et les chinois, on le devient quand certains animaux nous blesse et que la plaie est mal soignée. Chez les russes, l’explication est plus mystique, des anciens sorciers, refusant l’autorité du pope, se seraient alors rebellés et mis volontairement aux bans de la société, s’enfermant dans une dérive sectaire. Toutefois la raison la plus communément partagée, c’est le fait de se faire mordre par un vampire.

 

On lui prête également des pouvoirs extraordinaires, il peut maitriser des éléments météorologiques tels que la tempête ou le brouillard, il peut se métamorphoser en rat, hibou ou encore en chauve-souris, il peut, par ses yeux, grands écarquillés, hypnotiser le plus récalcitrant des esprits, il est doté d’une grande célérité et du don de nyctalopie.

 

Tout le monde a des failles, les vampires, bien qu’étant des êtres exceptionnels, en ont aussi. Face à de l’ail, à des branches de rosier sauvage ou d’aubépine, à de la moutarde, à la vue d’un crucifix, d’un rosaire, aspergé d’eau bénite ou transpercé d’un pieu dans la poitrine, le vampire passe de mort-vivant à mort tout court.

 

Le plus connu des vampires, n’est certainement pas Edward Cullen, mais belle et bien Vlad Tepes, dit l’empaleur, prince roumain qui aurait tué plus de 20.000 soldats turcs lors de terribles luttes lors du XVème siècle. N’oublions pas Elisabeth Bathory, dit la comtesse sanglante, noble hongroise qui aurait eu la fâcheuse tendance à vouloir prendre des bains avec du sang de vierges. Certainement des balivernes émanant d’hommes jaloux et misogynes, n’acceptant pas qu’une femme puisse avoir autant de pouvoir.

 

Le vampirisme est une vraie pathologie psychiatrique. Certains tueurs en série sont considérés comme des vampires car ils boivent le sang de leurs proies. La maladie viendrait de l’enfance, comme beaucoup de désordres mentaux d’ailleurs, si en bas âge, le sujet s’est retrouvé en présence d’une grande quantité de sang et qu’il en a goûté tout en aimant cela, il se peut qu’il déclenche une attirance pour sa consommation. Il se peut également qu’il s’entaille lui-même la peau pour boire son propre sang et, dans le pire des cas, quand son sang ne lui suffit plus, désireux de changer, il peut tuer un innocent afin de pouvoir le comparer avec le sien.

 

Le thème du vampire à une portée philosophique. Pour Brice Guérin, le vampirisme traduit la lutte du Bien contre le Mal, pour d’autres penseurs, plus militants, il s’agit de la lutte du prolétariat contre le capitalisme. Un capitalisme tentaculaire aspirant tous les profits générés par le travail d’une main d’œuvre corvéable et permet aux plus riches de s’enrichir d’avantage.


Pour finir, le vampire est un personnage récurrent du cinéma, des jeux vidéo, des jeux de sociétés, des mangas et des bandes dessinées. Comment pourrait-on oublier les apparitions silencieuses et pleines de suspens, angoissantes à souhait, de Christopher Lee ou de Bella Lugosi, dans leur rôle respectif. On bien encore, l’interprétation sans bavure d’Anthony Hopkins dans le film de Coppola  et que dire de la merveilleuse adaptation du monstre dans le manga Blood, une histoire moderne avec des vampires terriblement effrayants bien loin de Twilightet de son personnage au teint livide, pour qui un bain de soleil ne ferait que du bien puisque selon les croyances, il s’y consumerait.