Après ses trois premiers albums sortis en 1975 (« Amoureux de Paname »), 1977 (« Laisse béton ») et 1979 (« Ma gonzesse »), Renaud nous revient dès 1980 avec son quatrième opus, « Marche à l’ombre ». Ce sera le premier vrai succès du chanteur, grâce à des chansons aujourd’hui devenues cultes, avant bien d’autres à venir.
Des chansons cultes, cet album en recèle. Le titre éponyme tout d’abord. Un refrain connu de tous, une expression qui a fait fureur à l’époque (« casse toi tu pues, et marche à l’ombre ») et un rythme d’enfer font de lui un incontournable. Si l’on ajoute à cela le parallèle avec le film de Michel Blanc (avec Gérard Lanvin, quel film, mais quel film !!!)), on obtient là une chanson qui a fait date dans la carrière du chanteur.
On parlera également et bien entendu du fameux « Dans mon HLM », véritable galerie de portraits on ne peut plus réussie et acerbe de voisins divers, variés, horribles. Si ce n’est sa copine Germaine, déjà croisée sur « Laisse béton ». Le refrain ? Même chose. Tout le monde l’a au moins une fois fredonné ou entendu dans sa vie… « putain c’qu’il est blême, mon HLM, et la môme du huitième , le hasch elle aime ».
Le dernier grand classique de l’album ? Incontestablement sa chanson en franglais : « It is not because you are ». Spécialement conçue pour les mecs qui vont dans les baloches et qui s’y emmerdent à mourir (c’est lui qui le dit sur scène), il s’agit là d’une chanson légère et sans prétention qui fait pourtant mouche.
Cet album consacre également l’arrivée d’un personnage, après Germaine, qui sera advitam æternam associé à Renaud : Gérard Lambert. Petit loubard de banlieue (on y revient), il est l’archétype de l’anti héro. La chanson raconte ses aventures en mobylette, sa panne, sa rencontre avec « un p’tit loubard aux cheveux blonds » à qui il explose finalement la tête. Bah ouais….. « faut pas gonfler Gérard Lambert quand y répare sa mobylette »… improbable…ridicule…extraordinaire de dérision.
D’autres chansons, peut être moins connues, n’en méritent pas moins beaucoup d’attention. « Mimi l’ennui » tout d’abord. Une chanson à la fois tendre et désabusée sur la vie d’une fille qui n’ « aime rien, même pas les copains » et qui dit « qu’elle est lasse de traîner sa carcasse, dans c’pauvre monde tout gris, dans cette vie sans vie, elle s’ennuie Mimi ». « La teigne » ensuite. L’histoire d’un petit loubard lui aussi sans but dans la vie que l’on retrouve un jour « raide comme un cierge, pendu au beau milieu d’sa chambre ». Une vraie belle et tendre chanson. On citera également « Baston », sur la vie d’Angelo, petite frappe à la vie monotone, que ce soit au travail, avec les filles ou avec sa famille. Une vie qui ne trouve son sans que dans la bagarre.
Comment pour finir ne pas citer « Ou c’est qu’jai mis mon flingue ? ». Véritable chanson anarcho-punk (quelle pêche sur l’Olympia 1981 !!!), elle n’est pas sans rappeler le ton d’ « Hexagone », cinq ans auparavant. Renaud y fustige journalistes, flics, j’en passe et des meilleurs. Du grand classique.
Deux autres chansons finissent de compléter l’album : « L’auto stoppeuse » et « Pourquoi d’abord », chanson qu’il qualifie lui-même de bâclée, mais sur son album, des chansons il en avait que neuf et il lui en fallait dix…