Rendez-vous à Abidjan et dans d’autres villes du pays et vous ferez le constat amer qu’aussi bien nos centres hospitaliers universitaires que nos dispensaires et hôpitaux sont de plus en plus pauvres en équipement. L’état des CHU de Cocody, de Treicheville et de Yopougon nous laisse perplexe.
Le mois dernier, en visite à Tanda, je me suis rendu à l’hôpital général de ladite ville au chevet d’une sœur qui venait d’avoir un bébé. A la maternité, plus précisément dans la salle qui accueille les mères et les nouveaux nés, il y avait un petit lit pour deux bébés. Ce phénomène inhabituel a retenu mon attention et lorsque j’ai voulu en savoir plus, Mlle Amani, sage femme a répondu : « nous sommes bien obligés de procéder ainsi. Où allons-nous coucher les autres bébés ? Ils ont besoin d’un suivi d’au moins 24h. Ici au moins, nous pouvons toujours fermer les yeux sur les risques que nous courons lorsque les êtres aussi fragiles sont mis trop côte à côte. Mais allez dans les autres salles et vous verrez des malades presqu’étendus à même le sol ».
C’est le calvaire dans nos centres de santé. Des malades meurent chaque jour faute de matériel médical. Lorsque, renversé par un véhicule, un accidenté est conduit aux urgences, il ya 80% de chances d’entendre « nous ne disposons pas encore de scanner et la radio qui pourrait tant bien que mal résoudre le problème est en panne depuis la dernière coupure d’électricité.
Visitez un centre de santé en Côte d’Ivoire, n’importe lequel et vous constaterez un déficit inquiétant en personnel médical. Le cas de l’hôpital militaire d’Abobo illustre bien nos propos. Selon un commentateur sur l’une de nos chaînes de télévision nationale, le nombre insuffisant du personnel médical fait que pendant les heures de repas, et une fois la nuit tombée, les malades sont livrés à eux-mêmes. Aussi, dans certaines régions où le taux de natalité est très élevé, on note souvent une seule sage-femme pour au moins dix gros villages.
Comme les autres domaines qui connaissent des difficultés, au niveau de la santé, l’état doit reconsidérer les choses et nous venir en aide. Pour ma part, l’état devrait dans un premier temps rapprocher les centres de santé des populations. Ensuite, il doit mettre en fonction un nombre important de personnes qualifiées. Enfin, équiper les centres de santé en matériel médical sophistiqué. Une fois tous ces paramètres revisités, la gratuité des soins ne sera que le couronnement d’une bataille gagnée.