Les mots : Aussitôt écrits, ils s’évaporent. Ils ne m’appartiennent plus. Ils s’impriment quelque part sur une feuille soit à l’abri des regards insdicrets, soit à la vue de tout le monde. Mais ils ne me touchent plus. Ils se bousculent, formant des idées qui se mettent à la queue leu leu pour former des phrases.

Les mots ne m’intéressent qu’avec un interlocuteur en face de moi. Pas un interlocuteur virtuel. Un vrai avec des yeux qui reflètent ses émotions, ses interrogations, sa pudeur.
Tout passe dans le regard. Il peut être accrocheur, arrogant, fuyant, triste, franc, rieur, tendre, intense, un reflet sans fond, une vivacité. Le regard, à la première rencontre, capte et envoie des signaux à l’autre personne, sans même que vous en soyiez conscients. Cette alchimie n’est-elle pas magique ? Comment voulez-vous le comprendre en discutant virtuellement ? Je me suis surpris à détester non seulement lire mes commentaires, mais y répondre. Comme un arrière goût de "ne pas y revenir".
Je n’ai aucun compte à rendre et rien à prouver.
Juste des impressions, des ressentis à faire partager avec l’espoir que, ceux qui ont peur de s’exprimer, ceux qui pensent qui sont les seuls à qui cela arrive, pourront imaginer qu’ils ne sont pas seuls. Y trouveront-ils une aide quelconque ? Pourquoi pas ? Il n’y a aucune recette miracle en ce qui concerne nos angoisses et nos troubles profonds. Mais c’est quelque part réconfortant de savoir que certaines personnes pensent comme vous. Cela peut aussi éclairer leur réflexion, pourquoi pas ?

Je suis de celles qui vont vers les autres, qui trouvent cette démarche presque jouissive parce que nous sommes si nombreux sur terre que la diversité humaine est un grand bonheur pour le coeur et pour le cerveau. Juste un partage. Le partage du moment présent.
Ecrire virtuellement passe mais quant à discuter, c’est autre chose de bien plus frustrant et parfois, vous êtes surpris du contenu qui peut être accrocheur, profond mais aussi, loin d’être à la hauteur d’un titre alléchant. Vous ne savez pas qui est en face de vous. Adieu le côté intuitif! Adieu les prouesses verbales, les intonations, les silences, les soupirs, les lapsus souvent drôles, les idées qui fusent de partout, la spontanéité.

Voilà pourquoi sans regard, une discution perd 80% de son intérêt. Bien sûr, cela n’engage que moi et pourtant, écrire fait partie de ces plaisirs qui me procurent une profonde joie.