Il n’est pas dans mes habitudes de parler des sociétés commerciales, encore moins des produits qu’elles mettent en avant et commercialisent. Pourtant aujourd’hui, l’heure est venue de parler de l’une d’entre elles après quelques jours de fonctionnement, et notamment après avoir laissé l’euphorie des effets d’annonces retomber.

Une société qui aujourd’hui a tenté le pari fou de révolutionner l’oligarchie du mobile française en cassant littéralement les offres existantes, lançant les soldes avant l’heure ou presque, et ambitionnant à elle seule de renverser la hiérarchie existante. Tremblez Orange, Bouygues et Sfr, Free débarque, et pas seulement pour faire de la figuration. 

Le 10 Janvier 2012, la fusée Free s’est envolée dans le microcosme de la téléphonie mobile, apportant avec elle deux forfaits plus qu’alléchants, à des tarifs défiants toutes formes de concurrences ayant jamais existées, une formule "tout illimité" à 19.99€ et une formule "sociale" à 2€ proposant 1h d’appel et 60 sms. Unique, inattendu, exceptionnel, rien ne manque comme superlatifs. Pour autant, derrière ce tableau idyllique, faut-il s’attendre à quelque chose de moins flamboyant?

L’offre Free parait au premier abord, c’est vrai il faut en convenir honnêtement, plus qu’alléchante. Pour autant Free a-t-il vraiment "tout compris" avec cette offre "révolutionnaire" ou faut-il s’attendre à des surprises économiques d’envergures?

 

En parcourant les Conditions Générales de Ventes (CGV), les Conditions Générales d’Abonnements (CGA) et la Brochure Tarifaire (BT), la surprise prime pour toutes les personnes habituées à ce genre de liens contractuels.

Les Appels vraiment illimités?

En effet, Free propose bien dans son offre à 19.99€ les appels illimités à destinations de tous les mobiles et fixes français non surtaxés, pour autant aucunes mentions sur l’encadrement de cette pratique n’est faite. Pas de limitation de la durée d’appel réelle, ni même de limitations vis à vis du nombre de destinataires contactés. La seule mention encadrant cette pratique figure dans les CGV et parle d’un usage "en bon père de famille" (article 4.3 CGA), rappelant que cette offre n’a pas vocation à servir de "Baby Phone".

En outre, Free se juge seul décideur de la limite à ne pas dépasser et cela au cas par cas. En effet, c’est Free qui jugera de manière arbitraire si vos consommations sont ou non "raisonnables" et qui décidera si il y a lieu ou non de vous facturer pour les communications sus-citées, bien entendu après la communication, ce qui ne laisse pas de choix quand au règlement sous peine de suspension de services.

 

 

 

Chez Free c’est SMS à volonté?

 

Free propose par ailleurs les sms illimités (comme bon nombre d’opérateurs), mais là encore prudence. L’illimité est semi réel, car limité à 10 destinataires différents par sms envoyés, un seuil au délà duquel vous serez considérés comme "spammeur" et donc facturés en conséquences des sms envoyés, sans n’avoir rien à dire, et là encore à la libre appréciation de Free.

Au rayon facturation, Free se réserve le droit en cours de mois, si votre abonnement est en dépassement, de vous demander une avance sur facturation(1), tout en sachant qu’entre le moment ou votre mobile est constaté en dépassement et le moment où Free vous contacte, votre ligne pourra être suspendue dans ses services (CGV), et que vous n’aurez d’autres choix que de régler pour en récupérer l’usage (article 7 CGA).

 

 

 

Un abonnement réellement à 2€?

 

Un nouvel abonnement "social" a été mis en place pour 2€ par mois. Une aubaine pour les petits revenus ou pour les personnes ayant un faible usage du mobile, mais là encore prudence, tout n’est pas si rose.

Aujourd’hui, la plupart des clients aujourd’hui disposent d’un mobile engendrant des connexions internet propres et intempestives.

Qui plus est, il arrive parfois que par mégarde un client connecte son mobile à Internet (à la condition d’avoir un mobile paramétré à minima pour la réception de MMS). Chez bien des opérateurs, ce client maladroit serait facturé de la connexion internet incriminée (max 0.50€ de mémoire), alors que chez Free, il sera automatiquement facturé d’une option Internet limitée de 20mo (autrement dit, une broutille) pour 1.99€ par mois en plus des 2€, et les surprises ne s’arrêtent pas là. A titre d’exemple, l’option de "Minutes Reportables" n’est pas présente dans cet abonnement, ce qui implique qu’il vous faudra aller au bout de votre crédit de communication de 1h si vous ne voulez pas vous retrouver avec du temps de perdu, mais cela dépend après tout de la volonté de chacun, soyons objectifs.

 

 

 

 

Quid du téléphone et du coût.

Au rayon mobile, Free ne subventionne rien, donc là pas de surprises. Un système apparenté à un micro-crédit est mis en place, permettant un paiement échelonné sur plusieurs mois, le tout sans engagement. Cependant, à y regarder là encore de plus prêt (et après avoir sorti la calculatrice), le téléphone si il n’est pas acheté "cash" par l’utilisateur, lui reviendra beaucoup plus cher à la fin du paiement que le mobile "nu" en lui même (Par exemple, un iPhone 4S 16 Go revient à 19,99 euros par mois pendant 36 mois, plus un euro, soit 720 euros. En comparaison, le même iPhone chez Apple coûte 629 euros, soit 99€ reversé généreusement à la société de crédit à Free)

 

Tout en sachant que Free ne prend pas lui même en charge le crédit du mobile, ni son échelonnement, cette opération étant l’apanage d’une société partenaire de Free appelée, CA Consumer Finance. Bien entendu, comme dans toute "union" commerciale de ce type, Free s’exclura automatiquement des litiges potentiels qui pourraient subvenir entre les clients et là-dîtes société. Logique, non?

 

 

 

"Oui", c’est vrai, Free a fait bouger les choses, proposant des tarifs plus que concurrentiels vis à vis du marché français, pour autant ne vous faites pas avoir par tant de publicités et d’effets d’annonces. Qui plus est, n’ayez crainte, la donne est la même ailleurs, et pas seulement chez Free. Les autres opérateurs possèdent eux aussi un florilège d’offres alléchantes mais pourtant très intéressantes à décrypter et disséquer. Attendons pour le moment de voir quelles seront les offres faites en "Riposte" à Free pour en parler, car nul doute que là encore il y aura matière à parlementer. En attendant, regardez bien les petites lignes sur les CGA, BT et surtout CGV, cela pourrait vous servir, car au final et pour reprendre une formule chère à Xavier Niel, vous pourriez bien rester et cela pour encore quelques temps, "des pigeons".

 

Alors en fin de compte, Free a-t-il vraiment tout compris, ou Xavier Niel a-t-il été juste un peu plus malin que les autres et surtout plus doué en communication? Une chose aujourd’hui reste selon Free réelle, c’est que ces offres sont réservées aux trois premiers millions d’inscrits. Ensuite..qui sait?

 

(1)L’avance sur facturation est demandée chez Free dès lors que votre encours de communication dépasse 20€de surplus (durant les 2 premiers mois), et dès lors qu’il dépasse de plus de 30% la consommation moyenne des 2 mois précédents (et dans le cadre ou il ni a pas d’incidents de paiements antérieurs à partir du 3ème mois.)

 

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