Elle vit à Paris, et se retrouve, de fait « apatride ». Golshifteh Farahani avait eu, le mauvais goût, d’une part de poser nue pour Elle (dans une pose très pudique) et d’exprimer son désaccord avec l’interprétation des hadiths des Gardiens de la Révolution iraniens. Un fonctionnaire iranien du ministère de la Culture de son pays lui a signifié qu’elle est désormais persona non grata en Iran. Actrice reconnue, fille d’un directeur et metteur en scène de théâtre, elle a pourtant été nominée ou primée diverses fois dans des festivals. Espérons que Claude Guéant ne lui enjoindra pas de quitter le territoire français…
Vous vous souvenez de cette jeune Égyptienne qui avait posé nue sur un site en assortissant la photo d’un message à l’intention des islamistes égyptiens ? Nous en avions fait état. Là, il s’agit d’une Iranienne, née en 1983, qui après un début de carrière musicale, est passée devant les caméras dès l’âge de 14 ans. Elle a tourné dans 19 films à ce jour, a été nominée, primée… L’Iran n’en veut plus. En cause, des déclarations mesurées et un nu artistique pour lequel elle se cache la poitrine de ses mains. Rien de provocant, même pour des publications sourcilleuses.
Est-ce vraiment sa photo publiée initialement dans Elle et que l’on retrouve sur sa page Facebook ?
Seraient-ce même ses déclarations peu conformes à ce qu’attend le pouvoir des ayatollahs qui lui valent ce bannissement ?
Allez deviner… La vérité est peut-être que Golshifteh est un peu trop populaire en Iran, au moins parmi les jeunes gens qui fréquentent les cinémas et lisent d’autres livres que le coran. Elle était devenue une starlette avec son premier film, Le Poirier, en 1998. Puis elle a enchaîné les rôles et les récompenses (en France, meilleure actrice au Festival des trois continents, à Nantes, pour le film Boutique). Elle s’est aussi distinguée dans Deux Anges, dans Bab’Aziz, film consacré à la musique kurde, toujours interdit de sortie en salles en Iran. C’est en 2007 que, tournant dans Mensonges d’État aux côtés de DiCaprio, elle connaît une notoriété internationale.
En août 2008, elle retourne en Iran et voit son passeport confisqué. Elle est mariée avec Amin Mahdavi et vit à Paris. L’un de ses derniers films (2009) est À propos d’Elly (d’Asghar Farhadi). Mais elle a aussi tourné en 2011 dans Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, et dans Si tu meurs, je te tue. Un Golden Globe a été décerné récemment à Une Séparation, autre film iranien. C’en était peut-être trop pour le pouvoir à Téhéran.
Elle était aussi passée sur France 2 le 6 novembre dernier. Elle ne savait pas encore si elle pourrait rentrer en Iran. Mais, disait-elle, pour « eux », « quand quelqu’un sort d’Iran, c’est fini… ». « 30 ans de religion, d’Islam… pour nous… cela suffit, » poursuivait-elle.
En ajoutant qu’une théocratie pouvait « être très dangereuse pour la démocratie. ».
Vous retournerez un jour en Iran ? concluait son interlocuteur.
Réponse et « mot » de fin d’entretien : « Inc’h Allah ».
Depuis très peu, à présent, elle sait, c’est non, si ce n’est clandestinement.