Arrivés sans grand enthousiasme en Syrie, les observateurs de la Ligue Arabe cherchent déjà à repartir moins de deux semaines après le début de leur mission. Mais reste à en trouver les formes les plus dignes. Preuve d’une sorte d’échec annoncé ou, pour le moins, tellement espéré de la part de certains acteurs.
Une commission d’observation arrivée avec tellement de retard que sa mission apparaissait dès le début comme une concession de bien peu de désagréments possibles du coté du régime syrien.
Des observateurs visitant Der’a et qui alors qu’ils parlent à des habitants de la ville font semblant de ne pas entendre les coups de feu qui dehors fusent contre des manifestants patientant à la porte. Et pour finir cette scène pathétique d’un père déposant le corps de son fils mort sous les balles des snipers sur le capot de la voiture de la mission d’observation de la ligue arabe en Syrie.
Une mission aveugle et complice
Plus le temps avance et plus les heures passées par les observateurs de la Ligue Arabe en Syrie accréditent l’hypothèse d’une présence de pure convenance diplomatique. Les chiffres parlent d’ailleurs. Car depuis l’arrivée de la commission le 23 décembre la répression a fait 283 morts.
Dernier épisode à cette sombre farce : le désaveu de la part du chef de la mission, le général Mohammed al-Dabi, de l’un de ses propres observateurs ayant déclaré avoir vu des snipers à l’action dans la ville de Deera.
Une telle forfaiture n’est en rien surprenante tant les sympathies pro-régime de Mohammed al-Dabi sont connues de tous. N’était-ce pas l’un des griefs qui lui était adressé avant même que la mission d’observation ne démarre ?
Comment en sortir sans être accusée de lâcheté ?
Dans ce contexte comment s’étonner de voir une mission consultative préconiser la fin de cette mission. La question syrienne a déjà suffisamment divisé et discrédité la Ligue Arabe semblent penser certains acteurs clés du dossier.
Dans ce contexte les appels à la solidarité envers le peuple syrien émanant de certains organismes de l’ONU ou, plus récemment, du Koweïtien Ali al Salem al-Dekbas, président du parlement arabe, n’auront, malheureusement, que peu de poids.
Cette mission était dès le départ une pantalonnade diplomatique ne cherchant qu’à faire croire que la « solidarité arabe » cherchait à agir en Syrie. Après presque deux semaines de présence en Syrie les apparences n’étant plus sauves pour la Ligue Arabe il est, certainement, temps, pour elle, de procéder au rappel des troupes. Au moins se sauvera-t-elle elle-même de sa propre lâcheté par un énième acte de lâcheté.
Il n’y a plus que ça à tenter de sauver pour la Ligue Arabe : la face.
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20120101-syrie-al-jazira-observateur-ligue-arabe-sniper
Grégory VUIBOUT le 02-01-2012