Une araignée !!! Ou ça ? Au secours, j’ai peur des araignées !!!

Et que feriez vous si vous aviez, comme James, une araignée dans la tête ?

N’importe quoi ! Tu délires !

Oui parfois, face aux enfants en souffrance que j’accompagne au quotidien, j’ai l’impression d’être en plein délire, confrontée à leurs délires … c’est leur repère, leur construction, leur univers intérieur….difficile de guérir, de transformer ce qui nous construit car même si ça terrorise – comme l’araignée de James " , c’est une autre terreur que de renoncer à ses repères, aussi terrifiants soient-ils !

James parle de cette araignée dans sa tête qui fait des bêtises ; et pris sur le fait, il se défend par un éternel " C’est pas moi, c’est mon araignée "

Même s’il le dit d’un air enjoué et provocateur, même s’il en joue car c’est un enfant intelligent, il est réellement impuissant à agir sur cet insecte squatteur et terroriste.

Il ne se sent pas responsable des actes commis tels que vols, agressions, manipulations, mensonges …, et se pose en victime paranoïaque face aux remontrances de l’adulte.

" C’est vraiment trop injuste " … C’est juste que c’est injuste …

Une bêtise de trop sans qu’aucune intervention ne réussisse à arrêter James, des conséquences plus graves qu’à l’ordinaire, James devient le pantin apeuré et impuissant de l’araignée !

Les punitions, les échanges voire les menaces … rien n’y fait !

Il devient nécessaire d’aider l’araignée à dire plutôt qu’à agir …lui faire une place, non pour la laisser prendre le pouvoir, mais pour entendre ce qu’elle a à dire !!!

 

" Mon araignée, elle a quelque chose à te dire : elle est très, très, très en colère après toi parce que t’es pas gentille avec elle, tu lui cries toujours dessus ! "

Après chaque intervention punitive de l’adulte James frappe sa tête " méchante araignée, je vais te tuer ! "

" Ton araignée a peut-être besoin qu’on s’occupe d’elle et qu’on l’aime, c’est peut-être pour ça qu’elle fait des bêtise !? "

De multiples échanges sur ce mode ont ouvert la porte à une prise de conscience qui s’est avérée déterminante dans le processus de guérison de cet enfant.

" Je fais des bisous à mon araignée parce que peu-être ça lui donnera envie d’arrêter ses bêtises "

James ne se frappe plus et ne nie plus les bêtises qu’il fait encore … sourire