Lorsqu’un quotidien ivoirien titrait à la une de sa parution de vendredi dernier « Paix à ton âme démocratie ivoirienne », il faisait sans doute allusion aux élections législatives qui se sont déroulées ce dimanche en Côte d’Ivoire. Des législatives sans véritable suspens dans la mesure où la quasi-totalité des candidats sont issus de la même coalition de partis au pouvoir. Ce qui annonce un parlement sans contre-pouvoir pour éprouver le bien fondé des lois auxquelles le peuple devra se soumettre sous peu.
Le front populaire ivoirien, principal parti d’opposition appartenant à Laurent Gbagbo s’est retiré du scrutin et a suspendu sa participation au processus de réconciliation nationale pour protester contre le transfèrement de son ancien leader à la CPI. N’empêche, les nouvelles autorités pressées d’asseoir une légitimité après leur prise de pouvoir calamiteuse ne se sont pas fait prier pour s’affronter les uns contre les autres dans une comédie digne d’une pièce de théâtre. Et pour comble, parmi les candidats issus pour la plupart du parti du président de la république, on compte une pléiade d’analphabètes qui ignorent tout de ce que le fait d’être député implique. On y dénombre des commerçants, des sans emplois et des ménagères excités de briguer une place à l’hémicycle afin de gonfler l’effectif et donner la majorité à Alassane Ouattara. C’est à se demander où va se pays qu’on nous clame à longueur de temps être dirigé par des technocrates, avec des personnes qu’on va payer à coup de millions du contribuable tout simplement parce qu’ils auront levé la main à la demande pour voter une loi dont ils ne savent pas le contenu. A quelle drôle de démocratie assistons-nous dans laquelle sont combattus par tous les moyens illégaux ceux qui par leur niveau intellectuel peuvent s’opposer pour équilibrer les forces ? Les choses seraient restées à stade quoi qu’il soit alarmant qu’on se serait consolé en se disant que les générations à venir répareront le tire. Mais au grand dam général et tel un visionnaires soucieux de tuer toute velléité de résurrection dans un quelconque futur, le président ferme l’université et contraint au chômage les enseignants chercheurs et de milliers d’étudiants qui ne savent pas à quel saint se vouer.
Pendant ce temps, au milieu de tous ces carcans, la télévision et la radio clament que tout va bien au pays, que la Côte d’Ivoire est au travail avec tous les ivoiriens heureux.
Parmi les 5 millions d’ivoiriens inscrits sur la liste électorale, 3000 manquent à l’appel pour avoir perdu la vie dans la crise pendant la guerre civile qui a suivi les présidentielles de 2010. Bien sûr, le seul coupable se trouve en ce moment à la CPI. 45% si on s’en tient au chiffres de la commission électorale indépendante ne se sentent pas concernés par cette mascarade de législatives à sens unique. Et parmi les grands projets qui doivent assurer la réélection de Ouattara en 2015, l’octroi de la nationalité à 3 millions de burkinabés vivant en Côte d’Ivoire. Vive la démocratie à l’ivoirienne et vivent ses précurseurs.