Dans l’affaire dite du Carlton de Lille et des virées prostituo-policières au FMI ou à Paris, j’en étais resté à l’annonce du dépôt de plainte et constitution de partie civile d’une ancienne respectueuse devenue religieuse.
La mutine aux matines.
Clovis Trouille, peintre des nonnes coquines, aurait apprécié de l’auditionner.
De son côté, dans Le Parisien, Laëtitia G***, 14 ans de métier (de 14 à 28 ans), dit tout le bien qu’elle doit à Dom Alderweireld, dit Dodo la Saumure : 4 000 euros hebdo.
« Difficile d’arrêter quand on peut se faire 4 000 euros par semaine chez Dodo. ».
Comptez 19 bars montants à cinq filles en moyenne, et voyez ce qu’empochait Dodo, à 50 % des gains de chacune : 380 000 euros la semaine. En retour, tabouret, préservatif, gant de toilette et tutti quanti était mis à disposition des gagneuses. Laëtitia n’a que des compliments à l’égard de Dodo et sa compagne, Béa, dite aussi Lola, au tapin. Et pour Dodo, ce que faisait Lola dans son dos avec DSK ou d’autres, ne le regardait pas, et il n’en savait rien.
Remarquez, les employées des banques sont aussi consentantes et leurs patrons empochent autant sans en faire nécessairement davantage que Dodo. Et si personne n’est obligé d’aller aux dames, tentez de vous dispenser d’un carnet de chèques ou d’une carte de crédit de nos jours…
Depafi, oh oui !
Ce qu’on ne comprend pas trop, dans ce dossier complexe, c’est pourquoi donc un gérant d’établissement Eiffage convoyait des dames, dont Béatrice (à l’insu, mais non contre le gré de Dodo, jure-t-il), à Paris et Washington. Pour les policiers, on pige. Imaginez que, dans le TGV ou l’avion, un passager lance à l’une d’elles un « quel beau cul ! », comme DSK fut présumé le faire à l’adresse d’une hôtesse d’Air France : « Police, vos papiers ! ». Non, les policiers allaient plutôt courtiser le potentiel président de la République et, précision très utile, Lagarde et Ménault, les policiers, n’étaient pas chargés par le groupe Eiffage de neutraliser son concurrent, l’entreprise de BTP nordiste Rabot-Dutilleul.
Le 4 novembre, Mediapartrevient sur le marché de l’hôtel de police de Lille. Le soir même, Le Figaro publie « Eiffage réplique aux rumeurs ». Cela se conçoit. Google change ses méthodes de classement des sites et il est bien difficile à présent de dénicher un article de Mediapart dans la masse. Donc, pas un mot sur l’hôtel de police de Lille dans Le Figaro. N’empêche : quand on creuse un peu, il n’y a pas trop loin du Grand Stade à l’hôtel de police lillois.
Évoquer le Grand Stade et les extensions du Carlton de Lille, c’est procéder à « un amalgame sans fondement », assure Thierry Damasso, avocat d’Eiffage. Évoquer le marché de l’hôtel de police de Lille, c’est créer un amalgame avec le rôle de la Depafi (Direction de l’évaluation de la performance et des affaires financières et immobilières du ministère de l’Intérieur) en 2005. Laissons donc à Roger Marion, préfet hors-cadre, la responsabilité de ses dires.
Michèle Alliot-Marie est alors ministre de la Défense, ayant embarqué avec elle Alexandre Jevakhoff, qui la suivra plus tard à l’Intérieur. Début 2005, Hortefeux n’est pas encore dans les annexes du ministère. On ne prête certes qu’aux riches, mais c’est alors Dominique de Villepin qui est aux manettes de l’Intérieur. A. Jevakhoff, ancien patron de la Depafi, n’est plus en cause, il roule déjà pour Sarkozy.
Et puis, après tout, l’affaire se contingente peut-être à la SDAI (sous-direction des affaires immobilières). Laquelle gère un parc de 3,5 millions de m². En octobre 2009, la Depafi était dirigée par Sophie Thibault (depuis, préfète de… Corrèze), ancienne du cabinet du ministre du Budget, en remplacement d’Éric Jalon, qui remplaçait Bertrand Munch, nommé en décembre 2005. Le directeur d’alors devait donc être, depuis 2002, Claude Kupfer, qui pantoufle à présent au groupe Aéroports de Paris. Mais ces successeurs se sont peut-être intéressés au dossier…
Médiapart signale : « Sollicité jeudi matin, le ministère de l’Intérieur n’a, à ce jour, pas donné suite à notre demande d’entretien avec un responsable de la direction des affaires immobilières. ». Eh, peut-être que d’anciens directeurs faciliteront les choses…
Un lien possible ?
L’hôtel de police lillois a été livré en février 2008. Gros chantier. Qui a duré, après son attribution à SAE, filiale d’Eiffage, en février 2005, plus de 30 mois, entraînant une mise en service sept mois plus tard que la date envisagée. Roger Marion a déclaré à Mediapart ne s’être pas mêlé de l’affaire lorsqu’il était en poste à Lille : « tout cela a été réglé à Paris ».
« Tout cela », c’est une mise en conformité de l’offre de la SAE qui, au départ, ne respectait pas le cahier des charges, et au final, un recours d’Eiffage contre le ministère pour réclamer dix millions d’euros, soit un tiers de mieux que le budget initial prévu, pour frais supplémentaires en personnel et matériel.
On ne voit effectivement pas trop le rapport avec les affaires de prostituées lilloises. Il faudrait que des parties fines avec D. de Villepin ou Claude Kupfer (inclusivement peut-être) revienne à la mémoire de l’une d’elles : improbable. Ou qu’il soit établi qu’Eiffage embarquait Martine Aubry dans des virées chez les Chippendales lorsqu’elle assistait au Congrès des maires de France. Peu envisageable.
Fructueux partenariats… pour le BTP
Cela rénove lourd, à Lille. Après la rénovation de l’Opéra, c’est celle de l’Auditorium du Nouveau Siècle qui entre en chantier. Eiffage était déjà maître d’œuvre de la cinquième tour d’Euralille (pour plus de 13 millions d’euros). Cela étant, Rabot-Dutilleul, lauréat du concours CQFD pour le logement social, n’est pas oublié. Appia Nord, filiale Eiffage, a aussi un bon plan de charge.
David Roquet, mis à pied par Eiffage ainsi que son supérieur direct, aurait consacré 50 000 euros, selon un audit interne, pour les virées en compagnie de DSK. Pour l’avocat de D. Roquet, Éric Dupont-Moretti, ce supérieur ne pouvait ignorer la destination de ces fonds. La mention « pour DSK » était portée au dos de demandes de remboursements.
Eiffage réalise un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros, ce qui lui permet de financer des chantiers publics, par exemple d’autoroutes, d’hôpitaux publics, &c., en partenariat public-privé. On conçoit donc que le groupe a tout intérêt à se concilier des élus locaux, régionaux ou nationaux (y compris au Sénégal, par exemple). Les chantiers durent, les délais sont dépassés, des rallonges sont demandées, et les loyers à verser à Eiffage sont revalorisés (de 29 à 43 millions d’euros annuels pour l’hôpital Sud Francilien, dont le chantier – à la nécessité discutable – était soutenu par les maires d’Évry et de Corbeil-Essonnes). D’ailleurs, pourquoi se presser trop fort ou trop respecter le cahier des charges quand on avance les fonds ? Charbonnier est maître chez soi.
DSK, s’il était devenu président, n’aurait peut-être pas cherché à égaler Mitterrand dans le domaine des grands travaux. Mais il aurait possiblement influé sur la pratique des partenariats publics-privés de ce type. Peut-être n’a-t-il pas su que les accompagnatrices de D. Roquet étaient des prostituées et non des libertines, mais ces dernières, ou de futures, auraient peut-être su l’inciter à recevoir discrètement tel ou tel pour parler affaires. Pas sûr qu’avec les Matériaux enrobés de Roquet, c’était pesé d’avance, mais peut-être au moins « soupesé », étudié… après confidences sur l’oreiller.
DSK n’a jamais dit « quel beau cul » à une hôtesse d’Air France, c’est un internaute qui a balancé ça sur le net pour rire (et qui s’est d’ailleurs dénoncé quand il a vu l’ampleur que prenait cette blague). Et pourtant tous les journaux reprennent ça comme autant de copiés-collés en rajoutant à chaque fois quelques détails croustillants …A se demander si vous prenez la peine de vérifier la véracité de ce que vous écrivez et si de ce fait nous pouvons accorder le moindre crédit à vos propos.
@jcb
merci de cette précision concernant la réflexion supposée à une hôtesse d’Air France : pour info, si vous lisez la plainte déposée par Mme Diallo au civil contre DSK, la remarque « supposée » y est mentionnée, et elle est reprise dans les documents et déclarations suivantes de Me Thompson et de Me Wigdor …
Les journalistes nous soulent avec les histoires sulfureuses de DSK ! Ils n’ont donc rien d’autre à se mettre sous la dent ?
Au fond, les journalistes seraient-ils envieux de DSK ? Il y a plainte, il y a des juges, n’en rajoutons plus ! Il y a d’autres problèmes plus sérieux !
Et dire qu’il aurait pu être Président de la république Française….