A la fin du mois d’octobre les troupes de l’OTAN devraient se retirer. Et pourtant le CNT a avoué redouter cet après guerre au point de demander une prolongation de la mission militaire de son illustre allié. En ligne de mire quatre arguments, pour certains d’entre eux pertinents. Mais c’est surtout à une forme de prudence matinée de courage que nous renvoie cette surprenante demande.


 Mouammar Kadhafi mort, les opérations de l’OTAN devraient s’arrêter là. « Devraient », certes, mais là ne semble pas être l’intention du CNT, qui, mercredi 26 octobre, a demandé la prolongation de la mission de l’OTAN au moins jusqu’au 31 décembre 2011.


A cela une formulation adressée par l’ambassadeur adjoint de la Libye à l’ONU, Ibrahim Dabbashi, alors que l’ONU elle-même souhaitait le repli de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord.


La quadruple argumentation du CNT


A cela également plusieurs arguments formulés par le CNT :


Tout d’abord l’argument démocratique voulant que le CNT ne fasse qu’exprimer là le souhait du peuple libyen. Car comme l’a dit le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, lors de son intervention à Doha le 26 octobre : « Le peuple libyen souhaite le maintien des opérations de l’Otan jusqu’à la fin de l’année au moins". Argument de pure légitimation à coup sûr pour un souhait émanant, en réalité, beaucoup plus du CNT lui même.


Egalement l’argument, un peu contraire au mandat initial de l’OTAN d’ailleurs, d’une menace Kadhafiste qu’il reste faut finir d’éradiquer. Poursuivant sa mission l’OTAN se mettrait ainsi en position de totalement faire disparaitre les dernières poches de résistance que les derniers partisans de l’ancien dictateur seraient censés tenir. Drôle d’aveux quant au rôle qu’eut à jouer jusque là l’OTAN au regard de celui qu’on entend lui faire continuer à endosser. Et surtout infirmation, tout juste voilée, des conditions de la mort de Mouammar Kadhafi telles que le CNT nous les avait présentées.


Ensuite l’argument de sécurité internationale. La présence de l’OTAN ayant l’avantage de sécuriser les frontières du pays. Argument compréhensible et recevable. Et surtout argument décisif, car il en introduit un dernier :


Celui du control des armements que la région exige. On le sait l’endroit est conflictuel aux frontières entre Maghreb et Sahel, mais surtout au carrefour du théâtre des opérations d’AQMI. Expliquer, comme a pu le faire Ian Martin, représentant spécial de l’ONU pour la Libye, que le régime de Kadhafi a accumulé "le plus vaste stock de missiles anti-aériens" est un argument qui peut faire réfléchir.


Ces informations certains journalistes ont pues les confirmer. L’ONG Human Rights Watch confirmant, elle, avoir tiré la sonnette d’alarme sur la question il y a plusieurs mois déjà. Problème d’autant plus préoccupant que le Soudan d’Omar El Béchir recommence a essayé de trouver sa place dans la nouvelle donne géopolitique.


Mais problème pour le CNT : cette prolongation de la mission de l’ONU ne semble pas, pour le moment, entrer dans les plans des grandes puissances. La France, par la voix de son ministre des affaires étrangères, ayant explicitement annoncé qu’elle se considérait déchargée de sa mission. D’autant que l’ONU semble, elle aussi, ne pas vouloir pérenniser au delà du raisonnable la présence de l’OTAN loin de ses bases.


Mais il est vrai qu’une présence étendue jusqu’au 31 décembre 2011, comme le souhaite le CNT, aurait le mérite du travail bien trop fait. Trop de précipitation en pareil cas pourrait avoir des effets pervers qu’il faut chercher à anticiper. Tout comme le recul ad vitam eternam de la responsabilisation des libyens eux-mêmes, appelés, de toute façon à devoir se prendre en main, n’aurait, là encore, que trop d’effets indésirables.  Anthony Rigot le 27-10-11