En annonçant son refus de se présenter à la présidentielle Jean-Louis Borloo a eu la prétention, somme toute avérée, d’être dans une certaine logique. Mais problème : à suivre cette même logique jusqu’à son terme on peut en arriver à la conclusion qu’il n’a fait qu’anticiper là l’inutilité ou l’échec à venir du centrisme comme projet pour la présidentielle.
Pour cela Jean-Louis Borloo a avancé un argumentaire tenant, essentiellement, en trois points.
Tout d’abord une dynamique des centres insuffisamment puissante pour porter une candidature ayant une chance de l’emporter. Absence de dynamique tenant en deux explications. Tout d’abord un UMP restant encore majoritairement sakozyste où les débauchages possibles sont quasiment inexistants. Mais surtout une absence d dynamique tenant à un éclatement des centres. Ce dernier point expliquant un deuxième argument avancé par Borloo : celui de refuser d’ajouter la confusion à la confusion. Enfin ultime argument de l’ancien ministre : le risque d’accroissement des extrêmes au regard de la crise économique et sociale qui, immanquablement, ira en s’aggravant d’ici à mai 2012.
Sans conteste Borloo fait à travers ce constat acte d’une certaine objectivité. « Certaine » car en politique l’arrière-pensée reste, bien souvent, une seconde nature. Impossible, aujourd’hui, ne ne pas en soupçonner la présence, tout comme l’absence d’ailleurs, dans les propos de Jean-Louis Borloo.
Mais indépendamment de cette question il ressort de cette objectivité une question : Par un tel argumentaire Jean-Louis Borloo n’invalide-t-il pas toute autre candidature centriste ? A cela plusieurs arguments :
1) Tout d’abord celui de l’honnêteté visant à admettre que ce qui est diagnostiqué pour et par Borloo est vrai pour les autres. Sauf à refuser l’implicite de ce diagnostic, à savoir que Borloo se place dans l’hypothèse d’une possible victoire à la présidentielle. C’est pourquoi toute autre candidature centriste à venir aura deux caractéristiques : celle d’un certain déni de réalité et celle d’une ambition de victoire à peu près inexistante.
2) 2) Ensuite lorsque Borloo parle d’un éclatement des centres il fait référence à la multiplication des candidatures au centre comme l’atteste le climat de concurrence qu’on a pu voir lors des meetings organisés dans le cadre de l’initiative de « confédération des centres ». Hervé Morin cherchant ouvertement la rivalité avec Jean-Louis Borloo. Le retrait de ce dernier loin de régler le problème tend, au contraire, à l’aggraver. Toute absence de leadership, que Borloo pouvait incarner, étant propice à l’exacerbation des rivalités. C’est en cela, d’ailleurs, que les deux arguments de Borloo d’un éclatement des centres et d’un risque de toujours plus de confusion sont liés. Penser régler le problème du trop faible élan de la dynamique centriste par l’invocation du volontarisme politique et la multiplication des candidatures y étant liée entretiendrait donc le centre dans une certaine impuissance.
3) 3) Sur la question de la faible dynamique d’ailleurs il faut là aussi lire entre les lignes pour bien comprendre ce qu’entend raconter Jean Louis Borloo. Car son diagnostic renvoie davantage qu’à une dynamique faible dans l’espoir d’une victoire. Il s’agit aussi de se placer dans l’optique de ce que sera l’offre politique le jour de la présidentielle. Parler d’une dynamique faible équivaut, de fait, à dire qu’en prévision des candidatures Socialiste, UMP et Bayrou, la place du centre est quasi introuvable.
D’où un paradoxe : celui d’un Borloo, chantre du centrisme, et qui en se retirant ainsi intronise Bayrou comme seule candidature « centriste » possible.
Mais pronostiquons que tout ce qui laisse deviner comme avenir pour le centre dans les propos de Borloo n’empêchera pas d’autres centristes de droite de se présenter quand même.
http://www.20minutes.fr/politique/798586-retrait-borloo-centristes-devront-avoir-candidat
http://www.europe1.fr/Politique/Le-retrait-de-Borloo-laisse-un-vide-Bockel-748847/
[b]Mince alors, j’apprends que Bayrou ne fait plus partie du Centre ?
Ah mais oui, c’est bien vrai, il copine avec Ségolène, mais se dit centriste tout de même.
Puis s’il avait été raisonnable, n’aurait-il pas rejoint l’Union des Centristes, plutôt que de persister à faire « chambre à part » ?
Pour le reste, qui vivra verra, même Nicolas Sarkozy ne s’est pas encore déclaré « présidentiable », alors….[/b]