On croyait le mot rangé dans les tiroirs du souvenir. Pourtant, c’est bien à une délation, que le gouvernement anglais a invité ses citoyens. Acte de mépris ou de panique ? Difficile de trancher.

Le Moment n’était pas le mieux choisi. Déjà pointé du doigt pour ses méthodes expéditives  en ce qui concerne sa gestion des manifestations de cette semaine, Londres a adopté, suite à ces évènements, une décision plus que contestable. Alors que Berlin fête les 50 ans de la construction du Mur éponyme – avouons immédiatement notre goût « mal placé »  des célébrations , pour en arriver à se souvenir lors d’une telle commémoration – , l’Europe toute entière se souvient, à cette occasion des atrocités, dues au régime responsable de ce mur.

C’est en cette période de souvenirs douloureux, que Londres a eu l’idée d’afficher sur écran géant, mais aussi sur tout autre support – le seul critère retenu étant la grande diffusion de ces images – les images des « délinquants » de cette semaine. Invitant donc à la délation – on peut retourner le problème dans tout les sens, c’est bien de cela dont il s’agit -, Londres attend une réaction de ses citoyens, qui devraient donc dénoncer ces jeunes voyous ainsi jetés à la vindicte populaire.

Si demain, les journaux nous apprennent qu’un de  ces jeunes, condamnés avant d’être arrêtés, a été lynché par la foule, quelle sera la réaction du gouvernement britannique.  Jouer avec le feu entraine toujours des conséquences, à plus ou moins long terme, et inciter ses citoyens à dénoncer les voisins, est bien plus qu’une simple menace mais constitue une violation des bases de la démocratie.

Certes, des vidéos existent montrant ces jeunes vandaliser les monuments, pillant les magasins, et commettant d’autres exactions condamnables. Sans attendre les explications de ces acteurs malgré – eux, le gouvernement britannique s’est affranchi de toutes les règles d’une autorité juridique déjà malmené. Pourtant, le récent scandale Murdoch a pourtant récemment souligné, que les explications des « présumés coupables » pouvaient, en partie, atténuer leurs actes. Dans un cas, on parle de jeunes désœuvrés, dans l’autre de milliardaires puissants, influant le cours des choses. La partie n’est pas égale.

Qu’on ne croit pas ici, que j’ai un compte à régler avec nos amis britanniques, j’ai oublié depuis bien longtemps, le sort réservé à notre aïeule, Jeanne d’Arc, mais l’actualité, décidément se retourne contre eux. D’autant plus, que sa situation insulaire a toujours permis à la Grande Bretagne de se sentir à part, pour ne pas dire supérieure au reste du continent.

Je ne suis pas certain, que de tels évènements à Paris ou à Lyon n’aient pas été à l’origine de dérapages similaires, mais heureusement pour nous, ils se sont bien déroulés en Grande Bretagne.